Greenpeace tacle la stratégie et la situation financière d’EDF
Une étude commandée par l'ONG de protection de l'environnement pointe entre autres des coûts de démantèlement des centrales nucléaires sous-estimés.
“EDF asphyxiée par le nucléaire”, tel est le titre du rapport publié jeudi par le cabinet d’analyse financière AlphaValue, et que Greenpeace avait chargé de réaliser.
L’étude en question met tout particulièrement en avant trois points négatifs. Ils concernent la valeur de ses centrales, le coût du démantèlement de certaines d’entres elles et les investissements entrepris.
EDF, un colosse aux pieds d’argile ?
Concernant les coûts du démantèlement des réacteurs et de la gestion des déchets, AlphaValue les situe “entre 57,3 et 63,4 milliards d’euros en 2025”. Une facture globale qui se trouve au-delà des fonds propres d’EDF, qui avoisinent 25 milliards d’euros. Des coûts “drastiquement sous-provisionnés”. Cette fourchette, le cabinet l’a tirée de l’analyse de rapports de la Cour des comptes, mais aussi en prenant en considération les coûts supportés par d’autres exploitants nucléaires en-dehors de nos frontières.
Sur ce point, EDF a répondu que les comparaisons “doivent être analysées avec prudence car il y a des paramètres différents entre les pays qui expliquent les différences”.
Le cabinet évoque aussi la valeur du parc de centrales, qui ne manquerait pas de diminuer si la demande en courant électrique qui en émane baisse comme prévu, à cause des énergies renouvables notamment. Sur ce point encore, l’opérateur rétorque que “les tests ont été mis en oeuvre conformément aux normes comptables en vigueur et n’ont pas fait apparaître de risques de dépréciation”.
Des investissements sous-évalués ?
Enfin, AlphaValue juge estime que le montant des investissements pour les 10 prochaines années se situe entre 16 et 17 milliards d’euros par an; alors qu’EDF visait un maximum de 10,5 milliards, abstraction faite du projet Hinkley Point au Royaume-Uni. En conclusion, l’opérateur est devenu, pour le cabinet, “un géant inefficace”, “surdimensionné”, et “non compétitif”.
En revanche, AlphaValue applaudit à la réduction de capacités nucléaires qui aura comme conséquence une augmentation des prix de l’électricité, avec “un effet positif à l’horizon 2025” sur ses revenus.