En France, les aires destinées aux gens du voyage proposent des conditions “indignes”
Selon un rapport de l'Observatoire pour les Droits des citoyens itinérants (ODCI), les gens du voyage subissent "une exclusion sans fin".
Si les communes de plus de 5000 habitants sont obligées, par la loi Besson promulguée en 1990, de mettre à disposition d’aires d’accueil pour les populations itinérantes, il semblerait qu’elles soient nombreuses à ne pas le faire de gaité de cœur.
Pire, un rapport publié par l’Observatoire pour les Droits des Citoyens Itinérants (ODCI) montre que sur une grande partie du territoire, les gens du voyage doivent subir des conditions de vie indignes.
Des aires isolées et souvent polluées
C’est sur son site internet que l’ODCI a publié son étude sur la réalité du droit au logement des gens du voyage en France. En s’appuyant sur ses propres travaux et un rapport du juriste William Acker, l’ODCI déplore les conditions dans lesquelles les gens du voyage sont accueillis dans les villes françaises.
Sur 1000 aires d’accueil installées en France, 80 % sont situées dans des zones très isolées des zones d’habitation. Des zones loin des centres-villes et des services publics et dont “personne ne voudrait” selon l’ODCI. De quoi renforcer le sentiment d’exclusion vécu par les gens du voyage. Dans de nombreuses aires, l’accès à l’eau et à l’électricité est très compliqué et souvent inopérant ou à des tarifs élevés. L’objectif serait de décourager l’installation des familles.
Pire encore, certains des terrains mis à disposition sont situés dans des zones fortement polluées mettant en danger l’intégrité physique des occupants. L’ODCI estime que 20 % des aires sont concernées par cette problématique. Souvent, zones industrielles ou déchetteries côtoient les aires dédiées aux gens du voyage.
Considérer les habitations mobiles comme des habitations classiques
Fort de ce constat qui s’appuie sur les témoignages de plusieurs familles, l’ODCI avance plusieurs recommandations pour améliorer le sort des gens du voyage. L’une d’entre elles vise à considérer les habitats mobiles comme des habitations à part entière. Cela permettrait notamment d’interdire les coupures d’eau ou d’électricité abusives auxquelles se livrent certaines municipalités. Cela permettrait aussi, lorsque l’habitat mobile est un mode de vie choisi, de bénéficier des mêmes droits et normes de décence que les habitats classiques.
L’ODCI demande également aux autorités de cesser de considérer systématiquement les gens du voyage comme des criminels. Il faut également faciliter l’accès au droit commun des voyageurs en rapprochant les aires des services publics et notamment des écoles tout en facilitant les démarches administratives. Pour finir, il est nécessaire de favoriser la participation des gens du voyage à la vie de la cité via les instances consultatives ou une facilitation des démarches d’inscription aux listes électorales.