En Amazonie, la sécheresse révèle des gravures de visages humains de plus de 2 000 ans
En Amazonie, la sécheresse révèle des gravures de visages humains de plus de 2 000 ans. Une magnifique découverte qui émerveille et inquiète.
Une sécheresse peut avoir des conséquences très variées. Sur les cours d’eau, par exemple, outre l’assèchement en lui-même et ses effets, la baisse du niveau de l’eau permet parfois de faire des découvertes pour le moins étonnantes. Dans le nord du Brésil, à Manaus, capitale de l’État de l’Amazonas, sur les rives du Rio Negro, des gravures, pour la plupart représentant des visages humains, rectangulaires ou ovales, tantôt souriantes, tantôt sombres, ont ainsi été mises au jour.
En Amazonie, la sécheresse révèle des gravures de visages humains de plus de 2 000 ans
Le Rio Negro, l’un des plus gros affluents de l’Amazonie, a atteint il y a quelque temps son débit le plus bas depuis 121 ans. La baisse du niveau des eaux a permis de découvrir des formations rocheuses cachées et leurs œuvres d’art. Ce spectacle a évidemment de quoi ravir, tant les spécialistes que les visiteurs, mais l’apparition de ces gravures interroge : « Nous venons, nous regardons (les gravures) et nous les trouvons splendides. Mais en même temps, c’est inquiétant », explique Livia Ribeiro, résidente de Manaus. « Je me demande si cette rivière existera dans 50 ou 100 ans. »
Avec des niveaux très faibles dans les cours d’eau, c’est toute la navigation fluviale, vitale pour ravitailler les localités les plus reculées, qui est impactée. Et le phénomène météorologique El Niño, qui réduit la formation des nuages et les précipitations, aggrave sensiblement la situation.
Une magnifique découverte qui émerveille et inquiète
L’archéologue Jaime Oliveira, de l’Institut du patrimoine historique et artistique national (Iphan) du Brésil, rappelle que, durant un précédent épisode de sécheresse en 2010, ces gravures avaient été observées pour la première fois. C’est un site archéologique d’une « grande importance », qui « exprime des émotions, des sentiments, il s’agit d’un témoignage par des roches gravées, mais il a quelque chose en commun avec les œuvres d’art actuelles ».
Pour Beatriz Carneiro, historienne et membre de l’Iphan, le site a une valeur absolument « inestimable », véritable fenêtre pour mieux connaître les premiers habitants de la région. « Malheureusement, cela réapparaît aujourd’hui avec l’aggravation de la sécheresse ». Et de conclure, « le fait de retrouver nos rivières (en crue) et de maintenir les gravures immergées contribuera à leur préservation, plus encore que notre travail. »