East of West : la série de comics qui pourrait détrôner Game of Thrones

Image d'illustration. East of WestImage Comics / PR-ADN
Avec son univers dense et sa narration prophétique, le duo Hickman–Dragotta signe une épopée prête à conquérir écrans et lecteurs.
Tl;dr
- East of West mélange western, science-fiction et apocalypse pour raconter une Amérique futuriste éclatée et divisée.
- L’intrigue, située en 2064, reflète les fractures politiques et raciales des États-Unis, où les minorités tiennent les rôles de puissances dominantes.
- Porté par une esthétique spectaculaire, le récit explore la fatalité et la survie humaine à travers Death et son fils Babylon, dans un monde au bord du chaos.
Un western apocalyptique hors normes
Si vous pensiez tout connaître des récits de l’Ouest, East of West pourrait bien vous faire changer d’avis. Derrière cette série d’Image Comics, on retrouve deux pointures : le scénariste Jonathan Hickman, déjà salué pour son travail sur Ultimate Spider-Man, et le dessinateur Nick Dragotta, qu’on a récemment vu sublimer Absolute Batman chez DC Comics. Ensemble, ils livrent un récit où les codes du western classique explosent pour embrasser la science-fiction, le surnaturel et l’angoisse d’une Amérique morcelée.
L’Amérique fragmentée : entre histoire alternative et critique sociale
L’intrigue s’ancre en 2064, dans une Amérique éclatée en sept nations rivales. Cette division n’a rien d’anodin : lors du Comic-Con de New York en 2013, Nick Dragotta confiait que « C’est avant tout un reflet de notre société moderne, si profondément divisée ». D’ailleurs, dès le premier numéro, un avertissement s’impose : « Les choses qui nous divisent sont plus fortes que celles qui nous unissent ». Un fil rouge qui irrigue toute la série et qui évoque les failles raciales et politiques des États-Unis. Mais dans ce monde alternatif, certains rapports de force sont inversés : la « Endless Nation », regroupant les peuples autochtones, possède la technologie la plus avancée ; la « Kingdom », fondée par des Afro-Américains à La Nouvelle-Orléans grâce à la manne pétrolière, est devenue une puissance respectée.
Sous l’ombre des prophéties : lutte de pouvoir et apocalypse annoncée
La trame repose sur l’annonce d’un cataclysme inévitable — le fameux « Message », mi-prophétie mi-manifeste politique — que veulent précipiter les membres d’un cabal surnommé « the Chosen ». À leur tête, des figures manipulatrices comme Archibald Chamberlain ou le mystérieux Death. Ce dernier n’est autre que l’incarnation de la Mort elle-même, un cavalier albinos prêt à tout pour sauver son fils Babylon. Pourtant, au cœur de cette machination apocalyptique orchestrée par War, Conquest et Famine (les autres Cavaliers), un doute subsiste : Babylon est-il destiné à détruire le monde ou peut-il y échapper ?
Pour mieux cerner l’ampleur narrative d’East of West, quelques faits saillants s’imposent :
- Mélange inédit de genres : western crépusculaire mâtiné de science-fiction dystopique.
- Mise en scène : scènes d’action découpées avec une précision quasi cinématographique.
- Pouvoirs redistribués : minorités occupant enfin une place centrale.
Derrière la fatalité, une note d’espoir
Malgré son atmosphère sombre et ses allures de fresque désespérée, le récit ne cède jamais complètement au nihilisme. La virtuosité graphique de Nicholas Dragotta, tant dans les séquences d’affrontement que dans les créatures singulières qu’il invente — tels ces chevaux mécaniques aux têtes lumineuses ou le visage spectral de Famine — confère à l’ensemble une étrangeté fascinante. Et si l’on guette sans cesse la fin du monde annoncée… c’est aussi pour mieux surprendre le lecteur par quelques éclats d’humanité inattendus.
Pour ceux qui aiment les grandes sagas comme Game of Thrones ou Dune, ou simplement les histoires ambitieuses sur fond de chaos politique et existentiel, il serait regrettable de passer à côté d’East of West.