“Charlie Coulibaly” : 30.000€ requis contre Dieudonné
Dieudonné a rendez-vous devant les tribunaux ce matin pour apologie du terrorisme après avoir écrit qu'il se sentait "Charlie Coulibaly".
Mise à jour 17h – La procureur de la République a requis une peine de 30.000 euros d’amende, qui si elle n’est pas acquittée peut se transformer en emprisonnement, à l’encontre du polémiste Dieudonné. Elle a requis 200 jours amende à 150 euros contre Dieudonné M’Bala M’Bala, demandant au tribunal de considérer à la fois le propos lui-même, le contexte dans lequel il a été tenu et la personnalité de son auteur, condamné à plusieurs reprises pour des propos antisémites.
Au lendemain de la série d’attentats qui avait touché la France au début du mois de janvier, des rassemblements ont eu lieu à travers tout le pays. Des anonymes affectés par ces actes terroristes se sont réunis brandissant des pancartes “Je suis Charlie”. Ce panneau a même été repris dans différentes pays au cours d’autres rassemblements en hommage aux 17 victimes des fusillades de Charlie Hebdo, de Montrouge et de la prise d’otage de l’Hyper Casher.
Sur sa page Facebook, Dieudonné a quant à lui affiché qu’il se sentait “Charlie Coulibaly”, en reprenant le nom de l’auteur de la prise d’otage Amédy Coulibaly. Le post a ensuite été rapidement supprimé de son mur. Mais 3 jours plus tard, Dieudonné ne s’est pas présenté à une convocation. Il a été placé en garde à vue à l’issue de laquelle le parquet décidait de le convoquer devant le tribunal correctionnel de Paris.
C’est ce mercredi que le polémiste est jugé pour “apologie du terrorisme”, en raison de ces propos. Dieudonné assurait avoir participé à la marche, mais la tournait en dérision en la qualifiant “d’instant magique égal au Big Bang qui créa l’Univers”.
Dieudonné “a le sentiment qu’on le traite comme un terroriste”
Déjà condamné à de multiples reprises et visé par une série de procédures judiciaires, le polémiste “a le sentiment qu’on le traite comme un terroriste et c’est pour ça qu’il a accolé les deux noms”, avait alors déclaré Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats.
Après les attentats, Christiane Taubira avait donné instruction au parquet de faire preuve de “réactivité” et “fermeté” envers les auteurs d'”apologie du terrorisme” ou de “propos et agissements racistes ou antisémites”.
486 affaires pour apologie du terrorisme
Et de fait, les affaires ont été nombreuses, 486 au total (chiffres de la chancellerie au 29 janvier) liées aux attentats: atteintes aux personnes ou aux biens, droit de la presse ou apologie et provocation. Pour cette dernière catégorie, 257 affaires ont été enregistrées dont 161 non liées à d’autres infractions (alcool, drogue, outrage, délits routiers…). Sur ces 161 infractions “pures”, il y a eu 41 comparutions immédiates et 18 peines de prison ferme.
Certaines voix se sont inquiétées d’une possible dérive dictée par l’émotion, comme la semaine dernière avec l’audition par la police à Nice d’un enfant de huit ans qui avait refusé de participer à une minute de silence à l’école primaire.
Jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende
Le délit d’apologie du terrorisme peut être puni d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. Elle peut être portée à sept ans et 100.000 euros si les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne.
Dieudonné connaît de multiples démêlés avec la justice. Déjà condamné neuf fois en une dizaine d’années pour incitation à la haine, il sera d’ailleurs également jugé mardi à Paris pour avoir qualifié dans une vidéo fin août 2013 Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, de “Mussolini moitié trisomique“.
La semaine dernière, le parquet a requis une lourde amende de 30.000 euros contre lui pour des propos jugés antisémites qui avaient débouché fin 2013 – début 2014 sur l’interdiction de plusieurs représentations de son spectacle “Le mur”.