Des pesticides et médicaments polluent l’ensemble du littoral français, affectant huîtres, moules et eau de mer

Image d'illustration. Plage tranquille à finistèreADN
Une vaste étude révèle que l’ensemble du littoral français présente des traces de pesticides et de résidus médicamenteux dans l’eau de mer, ainsi que dans les huîtres et moules, soulevant des inquiétudes pour l’environnement et la santé.
Tl;dr
- Contaminants retrouvés sur toutes les côtes françaises.
- Jusqu’à 28 substances mesurées selon les zones.
- Effets cocktails encore difficiles à évaluer.
Des substances chimiques omniprésentes sur le littoral
À la lumière d’une récente étude menée par l’Ifremer dans le cadre du projet Emergent’Sea, la contamination des côtes françaises par des substances pharmaceutiques et des pesticides s’avère bien plus étendue qu’on ne l’imaginait.
Entre 2021 et 2023, les chercheurs ont analysé plus de 11 300 échantillons d’huîtres, de moules et d’eau de mer, prélevés du nord de la baie de Somme jusqu’aux rivages de la Corse. Les conclusions dévoilées mercredi 15 octobre 2025, relayées par Le Monde, ont de quoi interpeller.
Des traces jusque dans les endroits les plus reculés
Il n’est désormais plus rare de détecter la présence de ces contaminants même dans les secteurs jugés préservés, comme sur la petite île d’Ouessant, au large du Finistère. Là-bas, les scientifiques ont mis en évidence jusqu’à deux substances pharmaceutiques et quinze pesticides différents, alors même que l’île reste éloignée des estuaires souvent pointés du doigt.
Selon Isabelle Amouroux, responsable de l’unité Contamination Chimique des Écosystèmes Marins (CCEM) à l’Ifremer, « Tous les points échantillonnés présentent des contaminations ».
Une diversité de substances préoccupante
En moyenne, chaque point de suivi dans l’eau de mer révèle la présence de quinze substances ; certaines zones affichent même un total de vingt-huit.
Du côté des mollusques, dix contaminants sont détectés en moyenne. Les substances les plus fréquemment identifiées dans l’eau sont principalement des herbicides et des médicaments courants comme le paracétamol, mais aussi des résidus de métolachlore ou d’atrazine, un herbicide pourtant banni en Europe depuis plus de vingt ans. Les mollusques, quant à eux, accumulent surtout des herbicides et des composés issus des peintures antifouling appliquées sur les coques de bateaux.
Quels risques pour la biodiversité marine ?
Face à cette accumulation, la question des conséquences sur les écosystèmes marins se pose. Aujourd’hui, il reste difficile d’établir des seuils d’effets pour interpréter précisément ces données. Comme le souligne Mme Amouroux, il existe aussi « des effets cocktails difficiles à appréhender ».
Le projet Emergent’Sea, financé par l’Office français de la biodiversité (OFB), met ainsi en lumière la complexité de ces mélanges de substances, dont les interactions demeurent encore largement méconnues. Une certitude cependant : la pollution chimique n’épargne désormais plus aucun recoin du littoral français.