Dès le primaire, 65 % des enfants français présents sur les réseaux sociaux, un terrain de harcèlement

Image d'illustration. Gros plan des mains d enfant tenant un smartphoneADN
En France, l’accès précoce aux réseaux sociaux concerne désormais la majorité des élèves du primaire : 65 % d’entre eux y sont présents dès l’âge de 6 ans, une tendance qui soulève des inquiétudes face au risque de harcèlement.
Tl;dr
- Près de 40% des enfants victimes de harcèlement ou cyberharcèlement.
- Les jeunes filles et les réseaux sociaux, particulièrement exposés.
- Parents inquiets, forte demande d’actions préventives et psychologiques.
Une violence numérique en forte progression dès le plus jeune âge
La dernière enquête menée par l’association e-Enfance et le numéro d’urgence 3018, dévoilée ce jeudi 30 octobre 2025, dresse un tableau sombre : près de 4 enfants sur 10 âgés de 6 à 18 ans déclarent avoir subi une forme de harcèlement ou de cyberharcèlement. Le phénomène, loin de s’essouffler, s’intensifie même dès l’école primaire. En effet, selon l’étude, « 35% de ces jeunes sont touchés par le harcèlement dès l’école primaire », un bond de onze points en seulement un an.
La généralisation des écrans et l’accès massif aux réseaux sociaux avant l’âge légal – 65% des élèves du primaire y sont déjà présents (67% en 2023) – accentuent ce risque. Le cadre scolaire, mais aussi les groupes privés sur applications comme WhatsApp, deviennent ainsi le terrain privilégié de ces violences numériques : « WhatsApp est devenu le théâtre privilégié de ces violences, concentrant 41% des cas, souvent dans des groupes de classe », note l’association.
Mécanismes et formes du harcèlement : des discriminations multiples
Plusieurs motifs alimentent cette spirale délétère : la jalousie (24%), les différences physiques (20%) ou encore le look (16%). Les insultes, moqueries et humiliations représentent la majorité des agressions recensées. Selon une étude récente de l’Insee, « 23% des lycéens ont été confrontés à la cyberviolence durant l’année scolaire 2022-2023 », avec une fréquence accrue chez les filles. Celles-ci se retrouvent davantage ciblées par la diffusion non consentie de rumeurs ou d’images humiliantes.
Parmi les faits marquants : 31% des collégiennes contre 26% des collégiens déclarent avoir subi au moins une forme de cyberviolence ; chez les lycéens, les proportions atteignent respectivement 25% et 20%.
L’impact psychologique profond sur les victimes et la mobilisation parentale
Derrière les chiffres se cachent des conséquences lourdes. Un quart des jeunes victimes évoquent une souffrance extrême, se traduisant par une perte généralisée de confiance (50%), insomnies ou angoisses (42%), désillusion vis-à-vis du monde adulte (39%) et pensées suicidaires pour certains (25%). Les jeunes filles semblent ici particulièrement vulnérables : 55% rapportent avoir perdu confiance en elles ; près de quatre sur dix avouent avoir pensé à se faire du mal.
Face à cette réalité anxiogène, l’inquiétude parentale grimpe en flèche : « 90% appellent à responsabiliser davantage les réseaux sociaux, trois quarts réclament leur interdiction avant 15 ans, tandis que 72% jugent indispensable un accompagnement psychologique intégré dans l’assurance scolaire. »
Soutien aux familles : agir contre le cyberharcèlement
Pour soutenir un enfant victime, plusieurs leviers existent. Il est recommandé aux parents :
- D’effectuer un signalement via les outils proposés par chaque plateforme sociale.
- D’impliquer rapidement l’établissement scolaire pour enclencher un suivi adapté.
- D’accompagner leur enfant dans la parole et le dépôt éventuel d’une plainte.
Le service d’urgence 3018, tout comme la plateforme Pharos du ministère chargé du numérique, sont autant de ressources pour tenter d’endiguer cette vague inquiétante qui touche désormais toutes les couches de la jeunesse.