Comment la France, 2ème exportateur d’armes, en manque pour son armée ?

Découvrez le paradoxe de la France, deuxième exportateur mondial d'armes mais qui fait face à un manque criant de matériels pour équiper sa propre armée.

La France : un exportateur d’armes de renommée mondiale

Malgré sa réputation de producteur de vin, de produits de luxe et de fromage, la France se distingue également par sa position en tant que deuxième exportateur mondial d’armes.

C’est ce que révèle le rapport annuel sur le commerce des équipements militaires du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). Avec des ventes représentant 9,6% du total du marché mondial, la France surpasse la Russie (7,8%) et ne se voit dépassée que par les États-Unis, leaders incontestés avec 43%.

Paradoxe entre exportations d’armes et manque de budget militaire

Ce statut d’exportateur semble paradoxal au regard des difficultés budgétaires et matérielles que rencontre régulièrement l’armée nationale française. En effet, selon un rapport de la commission défense de l’Assemblée nationale publié en février 2023, les stocks militaires français seraient au plus bas, incapables de tenir plus de quelques semaines en cas de conflit majeur.

De plus, un rapport de l’Institut français des relations internationales (Ifri) en 2025 estime que la flotte aérienne française ne pourrait tenir que trois jours dans un conflit armé.

Un paradoxe qui s’explique

Cependant, ce paradoxe n’en est pas vraiment un selon l’expert Stéphane Audrand. La position de la France est en réalité due en grande partie à l’effondrement des exportations de la Russie, due au conflit en Ukraine. De plus, bien que la France soit deuxième en matière de prix de vente, elle exporte en réalité un volume d’armes bien plus faible. Le pays exporte des pièces très onéreuses, ce qui fait grimper la facture totale.

De fait, sur les 18 milliards d’euros d’armements français vendus en 2024, près de 10 milliards concernaient des plateformes phares comme les Rafale et les sous-marins.

La dissuasion nucléaire, un choix coûteux

Une autre raison de ce paradoxe réside dans le choix de la France de miser sur la dissuasion nucléaire plutôt que sur l’armement conventionnel, selon Alexandre Sheldon-Duplaix, professeur à l’Ecole des systèmes de combat et armes navales de Toulon. Cependant, entretenir et rénover notre arsenal nucléaire coûte cher. Soit 6,4 milliards d’euros, représentant 13% du budget de l’armement. Ces dépenses ont pour conséquence une réduction du budget consacré aux munitions ou aux armes conventionnelles.

En conclusion, la France se trouve dans une situation paradoxale, étant un grand exportateur d’armes tout en ayant un budget militaire insuffisant pour maintenir ses propres forces. Un paradoxe qui continue d’interpeller et de susciter le débat.