CMU complémentaire : égratignée par un rapport de la Cour des comptes
S'il lui reconnaît plusieurs points positifs, un récent rapport de la Cour des Comptes dénonce dans le même temps une CMU complémentaire bien trop reprochable dans sa mise en application.
Mercredi, la Cour des comptes a rendu un rapport à charge contre la CMU complémentaire (CMU-C) et l’aide à la complémentaire santé (ACS). Car même si le Sage Antoine Durrleman reconnaît que ces aides “ont le mérite d’exister et jouent un rôle majeur pour l’accès aux soins de la partie la plus défavorisée de nos concitoyens”, le document fustige plusieurs de leurs modalités.
On parle d’abord d’une trop grande complexité. Le demandeur de l’une ou l’autre de ces aides doit en effet remplir un dossier constitué de 12 pages. Une importante somme d’informations se voit ainsi transmise aux agents de la Sécurité sociale, dont on apprend via Le Figaro qu’ils calculent “les droits des assurés à la calculatrice”. Un souci de taille puisqu’il s’agit là de “modalités non sécurisées” favorisant les erreurs et la fraude. D’autant plus qu’à moins de faire appel aux déclarations d’impôts, “les salaires déclarés ne peuvent être vérifiés”. L’Assurance maladie a cependant tenu à faire savoir qu’elle envisageait d’augmenter les contrôles.
Cour des comptes : une CMU complémentaire pas assez sécurisée
Autre problématique relevée par la Cour des comptes, celle que les bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS sollicitent davantage leur médecin puisqu’ils n’ont alors rien à débourser. Par rapport au reste de la population, ces personnes affichent en effet des dépenses plus importantes de 35% chez les médecins libéraux et de 110% dans les hôpitaux. Pour expliquer cette situation, les Sages semblent partagés entre un état de santé nécessitant plus d’attention(s) et “un recours excessif”.
En déficit dans deux ans ?
On constate malgré tout un nombre relativement conséquent de personnes ne faisant pas appel à ces aides alors qu’elles pourraient potentiellement y avoir droit. Entre 28 et 40% d’entre elles n’ont ainsi pas demandé la CMU-C et entre 59 et 72% de ces éventuels bénéficiaires n’ont pas cherché à recevoir l’ACS. Et pour ne rien arranger, la CMU complémentaire et l’aide à la complémentaire santé pourraient se trouver en situation de déficit d’ici 2017-2018, avec un trou estimé à 2 milliards dans le pire des cas.