C’est quoi l’ICIJ, le collectif de journalistes à l’origine des Pandora Papers ?
Lux Leaks, Paradise Papers, Panama Papers entre autres, c'était déjà eux. On vous explique ce qu'est le Consortium international des journalistes d'investigation.
Le 3 octobre dernier, le Consortium international des journalistes d’investigation (International Consortium of Investigative Journalists en anglais, ICIJ) dévoilait les Pandora Papers, résultat d’une très vaste enquête sur l’évasion fiscale à l’échelle du monde. 600 journalistes y ont pris part, à travers le monde.
Une enquête de deux ans qui éclabousse de nombreuses personnalités politiques de tout premier ordre, mais aussi des artistes, ou encore sportifs renommés. Douze millions de documents ont été épluchés pour les besoins de cette enquête.
L’ICIJ, créé en 1997
Un peu d’histoire d’abord. L’ICIJ, créé en 1997, est rattaché au Center for Public Integrity, lui-même fondé en 1989 à l’initiative du journaliste américain Charles Lewis afin de “servir la démocratie en révélant des abus de pouvoir, la corruption et la trahison de la confiance du public par de puissantes institutions publiques et privées”. L’ICIJ deviendra indépendant en 2017.
En France, six journalistes sont affiliés à cet organisme : Fabrice Arfi et Karl Laske (Mediapart), Aurore Gorius (indépendante), Serge Michel et Cécile Prieur (Le Monde) et Edouard Perrin (Premières Lignes, société de production de l’émission de France 2 Cash Investigation).
“Lutter contre la corruption”
“Lutter contre la corruption grâce à la coopération transfrontalière”, tel est le mot d’ordre du Consortium qui est spécialisé dans le traitement de données et l’enquête.Dans ce but, l’ICIJ fournit aux rédactions et journalistes partenaires ses compétences techniques et des outils leur permettant de travailler sur un même dossier, au niveau mondial.
Comment est-il financé ? Par des dons de fondations comme le Centre Pulitzer ou la Fondation Ford, mais également sur ceux de simples citoyens.
Les grandes révélations de l’ICIJ
Place à une sélection des grands dossiers issus du travail de ce vaste réseau.
Pandora Papers, 2021
Commençons par le plus récent. Ce nouveau dossier est un nouveau pavé (pour ne pas dire un rocher) dans la mare de l’évasion fiscale. Il se fonde sur près de 12 millions de documents provenant de 14 cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore, et transmis à l’ICIJ par une source anonyme.
L’enquête a mis au jour plus de 29 000 sociétés offshore et des liens ont été établis entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan parmi lesquels l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, l’ancien ministre Dominique Strauss-Kahn, le premier ministre tchèque, ou encore le président gabonais pour ne citer qu’eux. Mais aussi, certaines personnalités comme la chanteuse Shakira, l’entraîneur de Manchester City, Pep Guardiola, et de l’attaquant du PSG, Angel Di Maria.
Panama Papers, 2016
Cinq ans plus tôt, 11,5 millions de documents provenant d’un cabinet d’avocats panaméen, Mossack Fonseca. Le rapport a mis au jour “les sociétés offshore de dirigeants politiques internationaux […] et les détails des transactions financières cachées des fraudeurs, des trafiquants de drogue, des milliardaires, des célébrités, des stars du sport et plus encore”, indiquait l’ICIJ sur son site.
Lux Leaks, 2014
En 2014, les Luxemburg Leaks dévoilaient le contenu de centaines d’accords fiscaux préalables très avantageux conclus avec le fisc du Grand-Duché par le cabinet de conseil PwC pour de nombreux clients internationaux comme Apple, Amazon, Heinz, Pepsi, Ikea ou encore la Deutsche Bank.