C’est quoi ce « métavers » qui fait rêver les géants de la tech et du e-commerce ?
Facebook, Alibaba ou encore Tencent... Tous veulent atteindre le Graal promis par cet univers virtuel qui existe en parallèle de l'univers réel dans lequel on vit.
Dimanche 17 octobre, Facebook annonçait la création de 10 000 emplois en Europe à travers l’Union européenne pendant les cinq prochaines années pour participer à la création du métavers. En anglais « metaverse », le mot est constitué du préfixe grec meta-, qui signifie après, au-delà, et du mot univers.
Si le type d’emploi et les pays concernés n’ont pas été précisés, l’article de blog dans lequel cette annonce est apparu indique que « Le besoin d’ingénieurs hautement spécialisés est l’une des priorités les plus urgentes de Facebook ».
Un concept datant de 1992
Le concept de métavers a été décrit pour la première fois dans le roman Le Samouraï virtuel, paru en 1992 sous le titre originel Snow Crash, de l’auteur de science-fiction américain Neal Stephenson.
Mais de quoi s’agit-il ? D’une sorte de monde numérique qui viendrait se substituer au monde physique. Accessible via internet, par le biais notamment de la réalité virtuelle et augmentée, il crée à l’identique le monde réel, dans lequel ses utilisateurs sont en mesure de créer leur avatar, se déplacer et interagir avec les autres personnes connectées.
Pendant l’été, Mark Zuckerberg s’enthousiasmait via son profil Facebook : « La qualité essentielle du métavers sera la présence – le sentiment de vraiment être là avec les gens ».
« Second Life », un ancêtre des métavers
Et vous connaissez peut-être un exemple de ce à quoi pourrait ressembler un métavers. En 2003, Second Life en proposait sa version la plus aboutie (pour l’époque et ses moyens techniques) et grand public, tout en reprenant les concepts fondamentaux établis par Stephenson, y compris une monnaie locale qui connut même une cotation tout ce qu’il y a de plus officielle.
Un monde pas oublié par l’économie, loin de là
Donc, et au-delà de ces mots de Mark Zuckerberg de l’été dernier, et qui fleurent bon l’utopie, l’objectif est aussi économique (d’ailleurs dans la dystopie qu’il dépeint, Neal Stephenson en 1992 ne négligeait pas cette dimension).
Le patron de Facebook, au mois de juin dernier, ne déclarait-il pas que le but est également de créer « une vague économique qui pourrait créer des opportunités pour les gens dans le monde entier » ?
Quel intérêt pour les géants de la tech ?
Pour les Facebook et autres, la perspective des métavers est un moyen de fidéliser les utilisateurs par le biais d’une expérience immersive. Il suffit d’imaginer avoir la possibilité d’acheter des produits dans une sorte d’Amazon virtuel, en 3 dimensions et dans un univers graphique sans limite, pour se rendre compte des possibilités offertes.
Et Epic Games, qui développe le jeu Fortnite, a annoncé de son côté qu’elle consacrerait une part du milliard de dollars levés cette année, y serait consacrée. Pour un jeu qui a déjà proposé entre autres des concerts virtuels (ceux du rappeur Travis Scott en 2020, qui ont rassemblé pas moins de 27 millions de joueurs à travers le monde), quoi de plus naturel ?
Aucune entreprise ne possédera ni n’exploitera le métavers
Mais retour à l’article de blog rédigé par deux grands responsables de Facebook, Nick Clegg et Javier Olivan. Ils affirment haut et fort que le but n’est pas la création d’un écosystème fermé comme peut l’être le réseau social qui existe actuellement.
Selon eux, « Aucune entreprise ne possédera ni n’exploitera le métavers. Comme Internet, sa caractéristique principale sera son ouverture et son interopérabilité. Pour lui donner vie, la collaboration et la coopération seront nécessaires entre les entreprises, les développeurs, les créateurs et les décideurs politiques ».