Cécile Corbel : « L’émotion habille la musique » (Interview)
Cécile Corbel sortait vendredi 7 octobre son sixième album solo. L'occasion idéale pour revenir sur un parcours singulier et enthousiasmant.
24matins : Dans une interview en 2014, tu évoquais ton « virus de la scène ». Si tu devais revenir sur ton parcours, de ton premier concert solo au bar Ti Jos en 2002 jusqu’à ton dernier album, comment le résumerais-tu ?
Cécile Corbel : Je ne vois pas ça comme un parcours, mais comme un chemin, que j’espère parcourir quelque temps encore. Avec le temps et l’expérience, je suis de plus en plus sereine, je comprends et vois le monde de la musique autrement, j’ai une appréhension différente du métier de musicienne. En 2002, le trac je l’avais 48h avant une performance, aujourd’hui ça ne monte que 15 minutes avant un concert.
Musique celtique, rock progressif, musique classique et musiques du monde… À la lecture des genres musicaux auxquels tu as pu t’attacher durant ta carrière, la cohérence n’est pas évidente, et pourtant elle apparaît comme une évidence à l’écoute de ta discographie. Est-ce un défi pour toi de faire cohabiter les genres sur un même album, ou l’alchimie est-elle naturelle ?
Oh, oui. Je n’ai jamais eu l’impression de faire des patchworks. Ma musique reflète mes goûts et ça ne m’est jamais paru rien d’autre que naturel. La harpe celtique reste atypique dans le paysage musical français, j’en ai conscience, mais j’ai également eu cette prise de conscience qu’on peut être plein de choses à la fois en étant artiste, et mélanger les genres ne se révèle pas forcément être un exercice.
Ta curiosité serait-elle à l’origine de cette diversité qu’on retrouve au fil de tes albums ?
Oui, je le pense, en tout cas je l’espère. Je suis curieuse dans la vie et cela m’a permis de ne pas m’enfermer dans une case. Réaliser d’autres choses avec des artistes issus d’autres pays ou genres, voire les deux, est une cause de cela. Ce qui est important pour moi, ce n’est pas tant d’expérimenter pour expérimenter, mais de faire une musique d’émotions. Les émotions, c’est ce qui habille la musique.
Comment et en combien de temps s’est déroulé l’enregistrement de Vagabonde, ton dernier album ?
J’ai une manière un peu spéciale de travailler, dans le sens où c’est un « never-ending enregistrement ». J’enregistre à la fois en studio et en tournée, j’écris et compose sur la route, je ne m’arrête jamais. En tout, il aura fallu deux ans de travail pour aboutir à cet album.
T’es-t-il difficile de conjuguer tournée et enregistrement ?
Non, ce sont deux étapes indissociables, mais aux temporalités différentes.
Avec deux B.O. derrière toi, est-ce qu’il t’est arrivé de souhaiter sonoriser un film que tu as vu ?
Oh, il me faudrait du temps pour y réfléchir. Et bien, depuis cet été je me produis au sein d’un spectacle, La Lanterne Magique, un ciné-concert sur cet ancêtre du cinéma dans lequel je joue ma musique en live avec l’image. C’est une représentation sans filet, mais jusqu’aujourd’hui nous n’avons pas raté de représentations ! On y mêle à la fois vidéo et décor, je surgis même parmi le public à un moment donné.
En 2005, tu publiais ton premier EP solo, Harpe celtique et chants du monde, chez Keltia Musique, un album autoproduit. Depuis, tu es passé chez un plus grand label. Quel degré d’implication conserves-tu lors des phases de mixage et mastering sur tes albums les plus récents ?
En fait, jusqu’à La Fiancée, tous mes albums étaient autoproduits, seulement distribués par mon label. Je suis contente d’être à Polydor, car je conserve un contrôle total sur la production de mes albums, jusqu’au mixage. J’ai tout autant de liberté qu’avant, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
J’ai appris que tu aimerais pouvoir un jour jouer au sommet d’une montagne. Avec la tendance actuelle de clips réalisés en paysages montagneux, est-ce que ce projet a réussi à se concrétiser ?
Non, mais j’espère le réaliser un jour ! J’ai déjà joué dans des tas d’endroits loufoques, mais j’aimerais vraiment pouvoir jouer en Islande, qui a un paysage nordique très marqué. Sur un volcan, de préférence sans éruption.