Cannibalisme à la préhistoire : un comportement pas uniquement alimentaire
S'il est désormais acquis que certains hommes préhistoriques pratiquaient le cannibalisme, il apparaît aujourd'hui que ce comportement n'était pas uniquement motivé par le besoin de se nourrir.
Puisque les hommes préhistoriques (ceux de Néandertal du moins) pratiquaient le cannibalisme et que la valeur nutritionnelle du corps humain n’avait jusqu’ici jamais été calculée, James Cole, expert ès paléolithique à l’Université de Brighton (Royaume-Uni) s’est attelé à cet ouvrage afin de quantifier les éventuels bienfaits de cette alimentation. Les résultats de ses travaux sont parus jeudi dernier dans la revue Scientific Report.
Ce chercheur a ainsi dressé un tableau répertoriant les différentes parties du corps humain, en ajoutant, pour chacune d’entre elles, leur poids ainsi que leur valeur nutritionnelle en calories (graisse et protéines). Et James Cole d’avoir déclaré à l’AFP que l’être humain n’était finalement pas une espèce particulièrement nourrissante à l’époque : “Sur le plan des calories, nous correspondons à un animal de notre taille et de notre poids. Mais nous ne sommes pas très nourrissants comparé aux gros animaux que les premiers hommes chassaient et mangeaient. L’homme est une espèce plutôt maigre”.
Préhistoire : l’être humain n’était “pas très nourrissant”
Comment expliquer dans ce cas ces actes de cannibalisme alors que les hommes préhistoriques, toujours selon le spécialiste, pouvaient trouver en la viande de mammouth, d’ours, de sanglier, de castor, de bison des mets autrement plus riches en énergie ?
James Cole ajoute même qu’“au niveau individuel, l’homme affiche un taux calorique peu élevé. Et même si vous mettez cinq ou six individus, cela procurera toujours moins de calories qu’un seul cheval ou un bison”. Et que “qui plus est, l’homme est plus intelligent et son comportement est complexe. Ce devait être plus difficile de tuer six hommes qu’un cheval.”
Des raisons “culturelles ou sociales” ?
Voilà pourquoi cet expert “suggère que peut-être que nous ne pouvons pas expliquer les actes de cannibalisme juste par un besoin de nourriture”. Et d’évoquer ainsi des raisons “culturelles ou sociales”, comme par exemple une manière d’asseoir sa domination sur un territoire.