Batman : le potentiel horrifique inexploité du Chevalier Noir

Image d'illustration. BatmanWarner Bros. Pictures / PR-ADN
Malgré son aura terrifiante dans les comics, le Chevalier Noir n’a jamais pleinement basculé dans l’horreur sur grand écran.
Tl;dr
- Le cinéma n’a jamais pleinement exploité la dimension horrifique et monstrueuse de Batman, malgré des décennies d’allusions à son aspect terrifiant.
- Avec deux versions du personnage à venir, DC Studios se trouve à un tournant stratégique qui dépasse le simple choix d’un ton plus léger ou plus sombre.
- L’ouverture de James Gunn aux films de genre pourrait enfin permettre l’émergence d’un Batman véritablement horrifique, inspiré des comics.
L’ambivalence du Chevalier Noir : un potentiel encore inexploré
Dès ses premières apparitions au cinéma, le Batman de Tim Burton en 1989 incarnait déjà cette ambiguïté fascinante : dans les rues crasseuses de Gotham City, le justicier masqué n’était perçu que comme un mythe, une « forme géante, menaçante, surnaturelle ». Pourtant, au fil des décennies et des adaptations, jamais vraiment un film n’a osé pousser jusqu’au bout l’idée d’un Batman aussi terrifiant qu’un véritable monstre urbain. Les films multiplient les allusions à ce « freak ailé », mais n’embrassent jamais totalement l’aspect horrifique du personnage.
Un univers DC à la croisée des chemins
L’actualité de DC Studios, sous la houlette de James Gunn et Peter Safran, change la donne. Alors que l’« épique saga criminelle » menée par Matt Reeves se poursuit et que le projet The Brave and the Bold pointe à l’horizon, les fans s’apprêtent à découvrir une situation inédite : deux incarnations concurrentes du justicier sur grand écran. D’un côté, la version sombre et réaliste portée par Robert Pattinson; de l’autre, une page blanche pour la version DCU. Or, face à ce choix stratégique, beaucoup imaginent qu’il suffirait d’alléger le ton pour se différencier. Une piste tentante mais réductrice.
Bref historique d’une peur cinématographique esquivée
Les comics ont pourtant balisé la voie. Depuis longtemps, scénaristes et dessinateurs jouent avec l’idée d’un Batman quasi surnaturel. Que ce soit chez Lee Bermejo (Joker), Doug Moench/Kelley Jones (qui firent même de Batman un vampire) ou encore dans Night of the Stalker, les auteurs déploient une imagerie oppressante et parfois cauchemardesque. Côté cinéma cependant, même si Nolan a flirté avec cette noirceur dans Batman Begins, il n’a jamais plongé Gotham dans l’effroi pur – limitation du PG-13 oblige.
Voici quelques exemples marquants où Batman aurait pu basculer dans l’horreur :
- L’approche visuelle inquiétante d’Arkham Asylum signée Dave McKean.
- L’intention avortée de Michael Keaton d’explorer une « psychose contrôlée » du héros.
- Des concept arts sinistres du Joker jamais concrétisés à l’écran.
L’appel du genre : vers un Batman horrifique ?
Aujourd’hui, le contexte paraît propice. James Gunn, désireux de diversifier les genres au sein du DCU – entre blockbusters familiaux et films d’auteur –, a récemment soutenu le projet Clayface, thriller corporel R-rated piloté par Mike Flanagan. Ce type d’ambition offrirait enfin au studio la possibilité de faire exister sur grand écran un véritable « Batman cryptide », angoissant pour ses adversaires autant que pour les spectateurs eux-mêmes. La promesse ? Un film qui oserait questionner la folie contrôlée de Bruce Wayne et s’aventurer sur des terres rarement arpentées par les super-héros. Le moment serait-il venu d’effrayer vraiment Gotham ?