Bac 2016 : admise avec mention « très bien » et menacée d’expulsion
Zarema est une jeune femme de 20 ans ayant fui le Daguestan en 2012 avec ses parents pour rejoindre la France. Elle est aujourd'hui menacée d'expulsion après avoir été obtenu son bac avec mention "très bien".
Quand des candidats au Bac 2016 ont pu faire entendre leur joie d’avoir été admis par des manifestations particulièrement expressives, Zarema a vraisemblablement émis un sentiment partagé. Elle a ainsi appris qu’elle avait été reçue avec la mention « très bien » après avoir été informée d’un avis d’expulsion la concernant ses parents et elle.
Car Zarema, jeune femme âgée de 20 ans, est Russe. Dans son témoignage publié sur le site de L’Obs, elle explique ainsi son départ forcé de son pays d’origine : « Avec mes parents, nous avons fui le Daguestan en décembre 2012. Mon père a eu des problèmes avec ses associés et les autorités russes. Les personnes avec qui il avait créé une entreprise de vente et d’achats de matériaux de maçonnerie ont détourné des fonds.
Mon père a voulu porter plainte contre eux mais ils l’ont agressé, il s’est retrouvé à l’hôpital avec de graves blessures à la tête pour lesquelles il a dû se faire opérer. Suite à cela, il a totalement perdu la vue en 2009. Ses associés ont ensuite corrompu la police, elle s’est retournée contre mon père qui a failli se retrouver en prison. Nous avons donc dû quitter le pays. »
Une bachelière menacée de retourner en Russie avec ses parents
Zarema avait commencé par rapporter une sombre nouvelle d’il y a quelques jours : « Mardi 5 juillet, j’ai appris lors d’un rendez-vous à la préfecture du Loir-et-Cher que les demandes de titre de séjour de mes parents et moi avaient été rejetées, et que nous avions un mois, à la réception de cet arrêté, pour quitter le territoire français. »
Avant d’apprendre « trente minutes après […] sur internet que j’avais réussi mon baccalauréat professionnel gestion administrative, avec une mention très bien. Je ne m’y attendais pas, même si mes professeurs n’avaient aucun doute là-dessus. J’ai été à la fois agréablement surprise et déçue. Mes efforts n’ont donc servi à rien… »
Un appel contre la décision de la préfecture
Impossible aujourd’hui pour la jeune bachelière d’envisager un retour au pays, aucune condition ne semblant en effet remplie pour que cette expulsion soit salutaire à sa famille : « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas retourner au Daguestan, où mon père serait en danger. Handicapé, il est incapable de travailler. À ma mère, il a été signifié qu’il lui fallait une promesse d’embauche pour obtenir un titre de séjour. Mais comment peut-elle travailler sans papiers ? »
Zarema conclut son témoignage en signifiant son intention de faire appel de la décision de la préfecture, en ajoutant qu’elle s’emploie du mieux possible à s’intégrer dans la société française au point de ne pas souhaiter la quitter.