Menu
24matins.fr
Obtenir l’application
Navigation : 
  • Actualité
    • Faits Divers
    • Insolite
    • Société
    • International
  • Économie
  • Santé
  • Politique
  • Sport
    • Foot
  • Tech
    • Sciences
  • Divertissement
    • Cinéma
    • Séries TV
    • Musique
    • Médias
    • People
En ce moment : 
  • Pollution
  • Algérie
  • Olympique Lyonnais
  • Macron
  • Hôpital

Au Maroc, dix ans après, que reste-t-il du « 20 Février » ?

International > Maroc
Par La rédaction,  publié le 18 février 2021 à 11h45, modifié le 18 février 2021 à 11h45.

Fin 2010, les « Printemps Arabes » surgissent avec le soulèvement de populations dans plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient.

Au Maroc, une frange de la jeunesse engagée prend l’initiative d’appeler à des manifestations le 20 février 2011, leur mouvement prenant cette date comme nom et devenant le « Mouvement du 20 Février » (M20F). Ces nouveaux acteurs mobilisés sous la bannière du mouvement adoptent de nouvelles formes d’organisation non hiérarchisées et ont pu échapper à ce stade à toute récupération politicienne, et ont pu convaincre une large frange de la population à sortir manifester, rassemblant bien au-delà des citoyens engagés politiquement.

Selon le chercheur Pierre-Luc Beauchesne, le M20F a permis « le redéploiement de l’engagement à d’autres échelles, suivant d’autres temporalités, vers les « structures de rémanence » (abeyance structures) de l’espace protestataire. », ce qui signifie qu’il était un instant d’ « intelligence collective » de la nation, incluant y compris les personnes et les forces opposés aux manifestations. Il est ainsi un pur produit national, qui a été dopé par le contexte régional des révolutions arabes mais également par la montée en puissance de mouvements internationaux engendrés par la crise financière mondiale de 2009 tels  « Occupy Wall Street » ou  « les indignados ».

Ainsi, le 20 février 2011 -et les semaines qui suivirent- quelques 300.000 personnes sortent manifester dans plus de 100 villes et localités du Maroc. Les principales revendications des manifestations étaient : la démission du gouvernement, une réforme constitutionnelle, la séparation de l’économie et de la politique ainsi que la consolidation des droits de l’homme.

Face à ces revendications, la réponse du Roi ne s’est pas faite attendre.Le 9 Mars, Mohammed VI s’adresse à la nation et annonce une nouvelle constitution à venir avec une commission Ad Hoc désignée à cet effet. Pour la première fois au Maroc, celle-ci est composée d’experts marocains et d’une instance de suivi composée des partis politiques et des syndicats. En outre, d’autres mesures ont été prises telle la libération de prisonniers condamnés lors de procès problématiques eu égard aux droits de l’hommes, l’installation de nouvelles instances de gouvernance, et une ouverture additionnelle du champ audiovisuel à des débats contradictoires, lesquels vont émailler le quotidien des marocains en ce début d’année 2011.

La jeunesse marocaine adhère

De manière globale, la jeunesse marocaine a accueilli avec satisfaction le discours du souverain marocain. Toutefois, une répression policière à Casablanca le 13 mars d’une manifestation a semé le doute sur la sincérité de l’adhésion de toutes les composantes de l’Etat aux réformes promises. De fait, les jeunes du « 20 février » ont généralement été divisés entre trois groupes. Le premier croit en la sincérité de l’Etat à engager des réformes et se veut une force de proposition dans ce processus, et ne croit pas que les manifestations de la rue soient une finalité, mais plutôt un moyen. Un second groupe estime que l’Etat va engager des réformes, mais qu’il est important de maintenir la pression de la rue pour maximiser les acquis et renforcer l’équilibre des forces. Enfin, un troisième groupe qui estimait que l’Etat n’était pas sincère et que la rue restait la seule option viable pour réaliser les revendications.

A ce moment-là, des factions de l’extrême gauche et de l’extrême droite sont entrées en jeu pour radicaliser et récupérer les deux derniers groupes. La division était tangible chez les jeunes quant aux moyens d’agir devant la situation, et l’entrée en lice de ces nouveaux acteurs a ravivé les tensions. Une partie des jeunes du « 20 Février » a ainsi contribué et a accompagné le processus de réformes lancées, notamment par des propositions à la commission de la constitution, tandis que l’autre partie se radicalisait davantage, « excommuniant » à la limite la première en l’accusant de « collaboration ».

Les manifestations ont continué durant les mois de mars et avril avec la même résonnance et la volonté des jeunes à l’union. Les acteurs politiques des deux extrêmes, n’ayant pas de terrain pour s’exprimer car pas ou représentés au sein des institutions électives, ont peu à peu poussé à plus de radicalisation. Les manifestations deviennent de plus en plus fréquentes -chaque semaine au lieu de chaque mois- et quittaient les places emblématiques des centres villes pour les quartiers populaires et périphériques. Une grande partie de la population, acquise aux débuts à l’esprit du « 20 février », s’est alors détachée des manifestations, les laissant se réduire et devenir moins importantes au fil du temps.

Le 1er Juillet 2011, la nouvelle constitution marocaine est adoptée par référendum à une écrasante majorité, satisfaisant une grande partie des revendications des manifestants. Cette constitution de 2011 consacre une redistribution des pouvoirs entre la Monarchie et l’exécutif, et sanctuarise un certain nombre de principes fondamentaux revendiqués depuis longtemps, telle la reconnaissance des affluents culturels du Royaume.

Des jeunes initiateurs du 20 février ont contribué aux propositions à la commission constitutionnelle, alors qu’une partie l’a boycotté et a appelé à ne pas participer au référendum.

Dans la foulée, les élections législatives organisées fin 2011 ont porté au pouvoir un parti islamiste modéré conservateur le Parti de la Justice et du Développement (PJD). Paradoxalement, le leader du parti, Abdelilah Benkirane, devenu chef de gouvernement était farouchement opposé au 20 février ainsi qu’à l’inscription de la liberté de conscience dans la nouvelle constitution…

Une récupération de l’esprit du 20 Février ?

De fait, si l’esprit du « 20 février » continue d’animer les jeunes de l’époque, certains ont su faire le deuil de l’expérience, alors que certains y sont restés bloqués. De manière globale, le « 20 février » a été une école condensée d’activisme. Le Maroc a découvert et y a gagné des jeunes qui s’y sont forgés. Les manifestations qu’a connu le Maroc après 2011 ont toutes -ou presque- emprunté le même modus operandi. Malheureusement, la récupération d’une large frange du mouvement par des organisations se situant aux extrêmes du champ politique (L’Association Justice et Bienfaisance et des groupuscules d’extrême gauche) a fini par essouffler l’esprit pionnier du M20F . En témoignent les interminables discussions sur « la bonne interprétation » ou « l’interprétation démocratique » de la constitution. Le climat régional et international, ainsi que la montée d’une majorité politique conservatrice ont ainsi empêché le pays de profiter pleinement de l’élan créé par cette opportunité.

De manière générale, 10 ans après le 20 février 2011 et les « printemps arabes », au Maroc, de grandes réformes institutionnelles ont été opérées, le processus et l’option démocratique ont été consacrés, bien qu’il reste plusieurs domaines dans lequel le pays pourrait progresser, telles les libertés fondamentales ou la liberté de conscience. Toutefois, Il est possible aujourd’hui d’avancer que la constitution de 2011, fruit entre autres du 20 février, a été le point de clôture de la « transition démocratique » du Maroc entamée depuis les années 90.

Le Récap
  • La jeunesse marocaine adhère
  • Une récupération de l’esprit du 20 Février ?
Vous aimez nos contenus ?
Recevez chaque jour nos dernières publications gratuitement et directement dans votre boite mail
Recevoir la newsletter
  • À Propos
  • Nous contacter
  • Infos Légales
  • Gestion des données personnelles
  • France
  • Deutschland
  • United Kingdom
  • España
© 2023 - Tous droits réservés sur les contenus du site 24matins.fr  - ADN Contents -