Des antidépresseurs pris pendant la grossesse, liés à des troubles du langage
Exposés in utero, les enfants pourraient plus tard présenter des troubles du langage si leur mère a pris certains antidépresseurs lors de la période de grossesse.
Des chercheurs de l’Université de Columbia ont mené une vaste étude portant sur un possible lien entre prise d’antidépresseurs ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) pendant la grossesse et l’apparition de troubles du langage et de l’apprentissage.
56.000 naissances analysées
Ce sont les registres finlandais qui ont servi de base aux scientifiques américains. Parmi ces centaines de milliers de naissances, plus de 56.000 ont fait l’objet d’une attention particulière. Ainsi, ils ont distingué 3 groupes d’enfants : Certains ont été exposés aux antidépresseurs dès la gestation, quand d’autres sont nés d’une mère dépressive mais traitée avec une approche non-médicamenteuse.
Enfin, ils ont été comparés à d’autres enfants dont la mère n’a pas présenté de symptômes de dépression. Tous ont été évalué en ce qui concerne les troubles du langage, de l’apprentissage scolaire ou encore de la motricité.
Un lien établi entre antidépresseurs et troubles du langage
En conclusion, les chercheurs ont pu écarter un lien entre prises d’antidépresseurs ISRS et troubles de la motricité. En revanche, parmi les bébés nés de mamans ayant fait renouveler leur ordonnance au moins 2 fois pendant la grossesse, le risque de développer un trouble du langage est 37% plus élevé que chez ceux issus de mères souffrant de dépression, mais qui n’ont pas été soignées avec de telles molécules.
Si les chercheurs soulignent que pour autant, aucun lien de causalité ne peut être formellement établi, les inhibiteurs en question sont soupçonnés de franchir la barrière du placenta. Alan Brown, co-auteur de l’étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry, résume la portée de ses recherches : “À notre connaissance, cette étude est la première à examiner la relation entre la consommation d’antidépresseurs pendant la grossesse et les troubles du langage et les troubles moteurs chez les enfants. L’étude a bénéficié d’un grand échantillon de population et a pu suivre les enfants au-delà de 3 ans”.