Anne Bert a publié une lettre ouverte à titre posthume dévoilée par le JDD
Véritable fer de lance du combat pour l'euthanasie en France, l'écrivaine de 59 ans décédée lundi matin dans un hôpital belge avait laissé un courrier à titre posthume.
Ce sont nos confrères du JJD qui ont publié la lettre ouverte d’Anne Bert euthanasiée dans un hôpital belge. Jusqu’à sa disparition, elle avait tenté de relancer en France le débat sur la liberté pour les personnes atteintes d’une maladie incurable afin qu’ils puissent “choisir leur fin de vie”.
La France nous interdit de bénéficier du droit à choisir l’euthanasie ou le suicide assisté
Anne Bert, écrivaine et militante pour le droit à mourir, est morte ce matin. Son livre, "Le Tout dernier été", sort mercredi. pic.twitter.com/lGZPkQ1o8S
— Cyril Petit (@CyrilPetit) October 2, 2017
Dans son courrier, Anne Bert explique que ‘Nous sommes tous concernés par la fin de vie et la mort’ ; Celle qui souffrait d’une maladie dégénérative incurable (maladie de Charcot) écrit :
“La France nous interdit, en phase terminale ou face à l’inguérissable et aux souffrances insupportables, de bénéficier du droit à choisir l’euthanasie ou le suicide assisté, elle a préféré l’hypocrisie de la loi Léonetti qui ne garantie même pas le respect de nos directives. Pour ma part, j’ai biaisé la violence de l’injonction de souffrir ce que l’on m impose dans notre pays. C’est hors frontières et en femme libre jusqu’au geste létal et légal, qu’il sera mit un terme à l’horreur et aux tortures physiques et morales de mon emprisonnement, avec l’aide de médecins volontaires et humanistes. Ce choix si difficile rendu possible apaise mes derniers mois à vivre durant lesquels je n’ai cessé d’interpeller le gouvernement et les responsables politiques“, clame Anne Bert.
Disposer de vous-même jusqu’à votre mort
Sa missive est un appel fort aux hommes politiques “Lorsque ceux qui gouvernent la France ou exercent un pouvoir, nient la réalité sur une question fondamentale de la vie, alors les Français doivent œuvrer pour se faire entendre. Penser la mort ne fait pas mourir, elle est inscrite dans notre existence. En faire un tabou nous soumet à la tutelle de la loi Léonetti et à celle du corps médical, qui nous trompent puisque même la sédation profonde et continue peut nous être refusée malgré nos directives et la désignation d’une personne de confiance”, avant de s’adresser aux Français :
“Réveillez les consciences sourdes ou endormies de nos dirigeants puisqu’ils vous confisquent le débat public sur cette évolution sociétale à disposer de vous-même jusqu’à votre mort. Exigez, sans attendre, un débat public. Et en attendant cette loi qui se fera, Rédigez tous vos directives anticipées dès maintenant en stipulant que vous réclamez ce droit en cas de souffrances inguérissables“, conclut-elle dans sa dernière lettre.
Anne Bert a été euthanasiée ce matin : "C'est déchirant de devoir quitter mon pays pour mourir" https://t.co/jakp6R3kWY via @LObs
— Guillaume Stoll (@GuillaumeStoll) October 2, 2017