Amiante, le juge d’instruction excédé par le manque de moyens et de volonté
Depuis 1996, de nombreuses plaintes concernant l’amiante sont arrivées dans les mains de la justice. Aujourd’hui, un juge d’instruction dénonce les manques de moyen ainsi que l’absence de volonté de la part de la classe politique.
Les experts ont estimé le nombre de morts à 100 000 avant 2025. Ce chiffre ferait ainsi de ce dossier le plus grand scandale dans le domaine du sanitaire. Les premières plaintes réalisées en 1996 n’ont toujours pas débouché sur un procès. De ce fait, les 50 procédures mises en place à l’encontre des diverses entreprises sont au point mort. La juge d’instruction, Marie-Odile Bertella-Geffroy est scandalisée par la lenteur de ces dossiers. L’un d’entre eux est récent et concerne l’hôpital Saint-Louis dans la ville de Paris. À cause de l’amiante, le personnel aurait souffert de cancer du poumon, pourtant les dirigeants ont demandé l’annulation.
Face à cette situation, la juge souhaite mettre en évidence le manque de moyens et appelle Christiane Taubira, la nouvelle ministre de la Justice. Le juge dépend du ministère de l’Intérieur, ce dernier décide du nombre d’enquêteurs mis sur le terrain pour tenter d’expliquer le phénomène de l’amiante. Au vu de la lenteur depuis 1996, la juge déclare que cette substance « n’est manifestement pas pour lui une de ses priorités ».
La juge avait déjà fait part de son agacement en avril dernier, « dans le dossier de l’amiante, j’ai deux documents écrits d’un officier de gendarmerie disant que mes commissions rogatoires sont trop complexes et trop longue, qu’elles prendront six ans. C’est le signe qu’on ne veut pas que ces affaires sortent ». Dans la journée de mercredi, la juge devait se rendre auprès de l’avocat des victimes notamment pour tenter de faire le point sur cette affaire. La semaine dernière la Cour de cassation n’a pas validé la demande de la Cour d’appel qui souhaitait l’annulation de 6 mises en examens.