Allemagne : la justice se penche sur la castration des porcs
La Cour constitutionnelle a été saisie par une association, dénonçant la castration des porcs sans anesthésie, pratique très répandue dans les élevages.
Dans le courant du mois de novembre, l’organisation de protection des animaux Peta a déposé un recours constitutionnel contre la castration à vif des porcelets de moins de huit jours. Cette pratique vise à éviter la mauvaise odeur dégagée par la viande de certains animaux mâles.
Les droits des porcs “bafoués” ?
L’ONG a saisi la justice en tant que représentante des porcs, dont les droits sont selon elle “bafoués”. Peta demande aux juges de leur reconnaître des droits individuels. Cornelia Ziehm, avocate de l’association, a justifié son action à l’AFP : “Des entités non strictement humaines, comme des entreprises ou des associations bénéficient d’une personnalité juridique. Pourquoi donc ne pas l’accorder aux animaux ?”. Selon l’association, le droit allemand permettant à “tout un chacun” de demander la protection de ses droits, ouvre la voie à cette reconnaissance car la Constitution impose à l’Etat fédéral de “protéger les animaux” par devoir envers les “générations futures”.
Cependant pour Jens Bülte, spécialiste en droit des animaux à l’université de Mannheim, “Aucun droit individuel n’est accordé aux animaux” dans le texte. Le professeur Bülte estime que cette demande a “peu de chances d’aboutir” car “la loi fondamentale est largement tournée vers la protection des droits humains”.
Une interdiction de la pratique repoussée
En 2013, les députés ont adopté une interdiction de ce procédé sans anesthésie pour être appliquée 1er janvier 2019. Mais à la fin de l’année dernière, ils décidaient son report à 2021. Les parlementaires de la coalition au pouvoir, des sociaux-démocrates et des chrétiens démocrates, évoquaient alors “le manque d’alternatives concrètes”.
Quelles sont-elles ? Anesthésie locale, détection des carcasses odorantes à l’abattoir, sélection génétique ne “répondent pas pour le moment aux exigences de la pratique”, selon les élus du Bundestag. Le monde agricole avait exprimé son soulagement, car il redoutait une augmentation des coûts alors que la filière se trouve déjà dans une mauvaise passe.