En raison d'une augmentation des cas de dépendance et d'abus conduisant à d'importants effets secondaires, les autorités de la santé veulent réduire la quantité de tramadol, un antidouleur très utilisé, dans chaque boîte. Qu’en pensez-vous ?
Tl;dr
- L’ANSM alarme sur l’abus du tramadol en France.
- Le tramadol, un opioïde, est largement utilisé malgré ses dangers.
- Une augmentation des complications liées à l’abus de ce médicament a été remarquée.
- L’ANSM a pris des mesures pour contrôler le risque de dépendance.
Alerte sur l’abus du tramadol en France
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a exprimé son inquiétude concernant l’usage abusif du tramadol en France. Cet opioïde, principalement utilisé pour soulager les douleurs sévères telles que les lombalgies, présente un risque élevé d’effets indésirables et de dépendance en cas de mésusage ou d’usage détourné.
Un médicament largement consommé malgré ses dangers
Le tramadol, qui est plus fréquemment prescrit que les autres opioïdes, « a probablement plus d’effets indésirables », souligne le président de la fondation Analgesia, Nicolas Authier.
En effet, l’abus de ce médicament peut entraîner une diminution de la vigilance, une dépression respiratoire pouvant aller jusqu’à l’arrêt respiratoire, voire le décès. Malgré cela, environ cinq millions de personnes en consomment chaque année en France.
Mise à disposition de boîtes de 10 ou 15 comprimés ou gélules de tramadol adaptées aux traitements de courte durée. Les conditionnements plus importants, adaptés à des traitements de plus longue durée, restent disponibles.https://t.co/spUs6xnjVr
— Dr Jean-Jacques Fraslin (@Fraslin) April 16, 2024
Les complications liées à l’abus du tramadol sont en augmentation
Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM, signale une nette augmentation des complications liées à l’abus du tramadol, bien que les ventes de ce médicament ont diminué de 4 % en 2022 par rapport à 2020.
Sur 222 notifications d’addictovigilance reçues en 2022, 116 cas graves de surdosage, d’addiction ou de convulsions ont été signalés, et sept patients sont décédés.
Mesures pour contrôler le risque de dépendance
Pour contrer cette tendance inquiétante, l’ANSM a pris plusieurs mesures afin de limiter l’usage du tramadol. Depuis 2020, une ordonnance ne peut couvrir une consommation que sur 12 semaines au lieu d’un an auparavant. De plus, depuis un an, les fabricants sont encouragés à produire de plus petites boîtes de 10 à 15 comprimés ou gélules.
« Donner aux pharmaciens la possibilité de vendre des boîtes contenant juste ce dont les patients ont besoin permet de limiter le risque d’utilisation prolongée, donc de dépendance, mais aussi de réduire le stockage à la maison et la possibilité que des proches à qui il n’a pas été prescrit prennent du tramadol et soient exposés à un risque de surdose », explique Philippe Vella.
L’ANSM insiste cependant sur le fait que le tramadol est toujours nécessaire pour traiter les douleurs sévères et devrait être utilisé correctement. La majorité des personnes qui prennent du tramadol n’ont pas de problèmes, rassure Nicolas Authier, soulignant la nécessité d’une pédagogie efficace envers les médecins et les patients pour améliorer la prescription et l’usage de ce médicament.