Addiction au sexe : l’ocytocine, hormone du bien-être, pourrait jouer un rôle
Des chercheurs suédois ont mené une étude dans le but de déterminer si les troubles de l'hypersexualité pouvaient trouver leur origine dans la génétique.
L’hypersexualité est un comportement sexuel humain se traduisant par une recherche continue et persistante du plaisir sexuel. Il s’agit, si ce n’est d’une maladie, d’un trouble lorsque cette addiction au sexe affecte le couple, le travail ou encore les relations sociales. Jusqu’ici, les spécialistes étaient d’accord pour dire qu’un manque affectif ou émotionnel pouvait tenter d’être comblé de cette manière.
Mais une étude parue dans la revue Epigenetics suggère que l’hypersexualité pourrait découler de l’activité anormalement élevée de l’ocytocine, souvent surnommée “hormone du bonheur” ou “du bien-être”.
Analyse de l’ADN de patients
Pour mettre ce lien en évidence, des chercheurs suédois de l’université d’Uppsala et de l’Andrology/Sexual Medicine Group du Karolinska Institutet de Stockholm ont mesuré les profils de méthylation de l’ADN dans le sang de 60 patients atteints de troubles hypersexuels. Ils les ont comparés aux échantillons de 33 volontaires non concernés par ce trouble. En parallèle, ils ont également comparé les échantillons prélevés sur 107 sujets, dont 24 avec une dépendance alcoolique, afin de rechercher une association avec un comportement addictif.
Cette méthylation de l’ADN est en rapport avec l’expression des gènes. Elle est donc susceptible d’influer leur fonction, en agissant généralement pour réduire leur activité. Les résultats scientifiques révèlent que deux régions de l’ADN sont modifiées chez les patients concernés par les troubles de l’hypersexualité. Ces différences ont été liées à des niveaux mindres de la molécule “microARN-4456”, qui supprime la signalisation de l’ocytocine.
Le mécanisme de la dépendance à l’alcool
Chez les individus dépendants à l’alcool, la même région de l’ADN était significativement sous-méthylée, suggérant de fait qu’elle serait associée aux éléments addictifs de l’hypersexualité.
Jussi Jokinen de l’Université d’Umeå, qui a participé aux recherches, estime que “D’autres recherches seront nécessaires pour étudier le rôle du microARN-4456 et de l’ocytocine dans les troubles hypersexuels, mais nos résultats suggèrent qu’il pourrait être utile d’examiner les avantages des médicaments et de la psychothérapie pour réduire l’activité de l’ocytocine”.