Addiction au jeu en ligne : un outil de prévention bientôt disponible
En collaboration avec un site de poker en ligne, des chercheurs de l'Inserm ont développé un modèle permettant de détecter l'addiction aux jeux.
Légalement les sites Internet de jeu en ligne, qu’ils soient axés sur le sport ou le poker, ont l’obligation de diffuser des messages prévenant les risques d’addiction. Mais comme le remarquent les chercheurs de l’Inserm qui ont mis au point un outil de détection et de prévention, “rien ne les oblige à repérer ceux qui ont ou développent une dépendance en fréquentant le site (…), ils peuvent ainsi continuer à les solliciter commercialement”.
Jeu en ligne, comment repérer les comportements addictifs
Amandine Luqiens de l’Université Paris-Sud, à la tête de ces travaux réalisés en collaboration avec une plateforme de poker en ligne, explique via un communiqué de l’Inserm : “Nous avons construit et validé un modèle prédictif, qui permet d’identifier les personnes dont le comportement de jeu est problématique, sur la base de leurs données et de leur comportement en ligne”.
Pour établir cet outil, deux étapes ont été suivies : “La première consistait à repérer les joueurs dont la pratique de jeu était considérée comme médicalement problématique. La seconde, à établir un algorithme capable de retrouver ces mêmes profils. De plus, 170.063 personnes inscrites sur des sites ont été interrogées sur leur comportement. Parmi elles, 18% présentaient une dépendance probable. Avec cela, nous avons ainsi construit et validé un modèle prédictif, qui permet d’identifier les personnes dont le comportement de jeu est problématique”.
Les sommes engagées ne sont pas liées à l’addiction
Dans le cas du poker, il s’avère que le joueur potentiellement considéré comme “addict” est un homme de moins de 28 ans, qui dépose de l’argent dès l’inscription, qui perd en moyenne plus de 1.7 euros par session, et qui participe à plus de 60 parties par mois.
Et c’est assez surprenant, mais l’addiction ne se niche pas dans l’importance des sommes misées, comme l’explique Amandine Luqioens : “l’addiction n’est pas corrélée à la somme dépensée. D’ailleurs, seul un tiers des personnes ayant un problème de jeu se retrouvent face à des difficultés financières. En réalité, c’est surtout l’envahissement temporel du jeu dans le quotidien qui illustre l’addiction, surtout dans le domaine du poker”.
Dès lors l’Autorité de régulation des jeux en ligne, qui accorde ou non aux sites de jeux d’opérer en France, pourrait se servir de ce modèle inédit afin d’endiguer cette addiction.