Accès au logement : les noms maghrébins discriminés lors de demandes de visites
Une étude publiée jeudi par le CNRS révèle qu'une demande de visite d'un logement à Paris a un tiers de chance en moins d'aboutir pour les personnes au patronyme maghrébin.
Le CNRS publie en ce jeudi une étude révélant une discrimination des noms maghrébins lorsque des personnes demandent à visiter un logement au sein de la capitale parisienne. Selon cette étude, un candidat au patronyme maghrébin a ainsi “un tiers de chance en moins de recevoir une issue favorable à sa demande de visite”.
Les quatre chercheurs à l’origine de cette étude ont eu recours au “testing” pour pouvoir finalement aboutir à cette conclusion. Le “testing”, comme cela nous est précisé par La Croix, consiste à se mettre en situation réelle pour vérifier une possible discrimination.
Le “testing” pour vérifier une discrimination au logement
Le but recherché de l’entrepreise, établir si oui ou non le refus d’accorder un logement ou une visite à une personne d’origine maghrébine découlait d’une “discrimination statistique” ou d’une “aversion individuelle pour telle ou telle caractéristique démographique des candidats”.
Pendant deux mois, entre avril et mai 2016, ces chercheurs ont répondu à 504 annonces de particuliers ou d’agences au travers de fausses identités : Karim Khalis et Thomas Moreau d’un côté, et Julien Leroy et Ahmed Kaidi et l’autre . Outre une consonance différente, ces deux paires de noms se distinguaient également par la mention, pour Julien et Ahmed, de leur emploi, fonctionnaire, et de leur situation financière, stable.
Une sélection de demandes “pas aléatoire”
Les résultats se veulent assez éloquents. Thomas Moreau a ainsi obtenu “un taux de réponse de 18,7 % à ses demandes de visites de logement”, contre 12,9% pour Karim Khalis. Et si Ahmed Kaidi présentait la même situation que Julien Leroy, le premier a affiché un taux de réponse de 15,5% contre 42,9% pour Julien Leroy.
Pour les auteurs de l’enquête, la sélection de demandes effectuée par les particuliers et les agences immobilières “n’est pas aléatoire et correspond à un comportement discriminatoire”. Et d’ajouter qu’“un signal de stabilité professionnelle et financière n’augmente fortement les chances d’accès au logement que pour les candidats d’origine française, ce qui suggère une forte discrimination […] à l’encontre des candidats d’origine maghrébine”.