Pourquoi les États-Unis tiennent-ils tant à implanter un réacteur nucléaire sur la Lune ?

Les États-Unis accélèrent leurs efforts pour déployer un réacteur nucléaire sur la surface lunaire. Cette ambition s’inscrit dans le cadre de leur stratégie spatiale, mais suscite de nombreuses interrogations sur les objectifs et les usages concrets d’une telle installation.

Un enjeu énergétique dans la nouvelle conquête spatiale

L’ambition des États-Unis de poser un réacteur nucléaire sur la Lune s’intensifie nettement. Mardi 5 août 2025, la Nasa a confirmé à l’AFP vouloir accélérer ce projet décisif, dans un contexte où la compétition avec la Chine et la Russie se durcit autour de l’exploration lunaire.

Selon les mots du responsable par intérim de l’agence, Sean Duffy, il est désormais « impératif que l’agence agisse rapidement ». La pression internationale ne cesse d’augmenter depuis que Moscou et Pékin ont révélé à plusieurs reprises leur volonté commune d’installer eux aussi un réacteur sur le sol lunaire d’ici le milieu des années 2030.

L’arme énergétique : réponse au défi chinois et russe

Pourquoi une telle course ? Pour Sean Duffy, il existe un risque réel qu’un premier acteur déclare une zone d’exclusion autour de son installation, freinant ainsi l’expansion américaine prévue par le programme Artémis.

Annoncé initialement sous le mandat de Donald Trump, ce plan vise à renvoyer des astronautes américains sur la Lune dès « mi-2027 » pour établir une présence pérenne — une première depuis plus d’un demi-siècle.

Nouveau cap technologique pour Artémis

Pour garantir cette ambition, la Nasa explore depuis plusieurs années les solutions énergétiques adaptées aux contraintes lunaires. Le recours au nucléaire, plutôt qu’au solaire, présente un avantage crucial : fournir de l’électricité même dans les zones constamment plongées dans l’obscurité près du pôle sud, là où la lumière du Soleil se fait rare pendant des semaines entières. L’appel d’offres prochain exigera un réacteur capable de générer au moins 100 kilowatts, soit suffisamment pour alimenter environ 75 foyers américains.

Cette option n’est pas anodine : elle conditionne toute présence humaine prolongée sur la surface lunaire… et demain peut-être martienne.

Tensions politiques et perspectives stratégiques

Pourtant, le cap américain semble parfois hésiter. Depuis son retour en politique, Donald Trump, qui s’est montré critique envers les coûts et les retards du programme lunaire Artémis, a laissé planer le doute : Mars ne devrait-elle pas être la priorité ? L’influence persistante d’Elon Musk, passionné par la planète rouge, n’est pas étrangère à cette réflexion. Toutefois, suite à leur récente brouille et face à l’intensification du contexte géopolitique mondial, les plans lunaires reprennent aujourd’hui tout leur sens stratégique aux yeux de la Nasa.

En somme , l’énergie nucléaire lunaire s’impose comme levier clé pour la prochaine étape de l’exploration spatiale américaine.