5,72 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices pour Facebook France en 2018
Ce montant a presque triplé en trois ans, et trouve son origine dans le rapatriement de revenus générés en France, auparavant taxés en Irlande. Cependant, le groupe est toujours accusé de s'arranger pour en réduire le montant.
Ainsi, le montant de l’impôt sur les bénéfices de la filiale française de Facebook atteignait 5,72 millions d’euros en 2018. Son triplement ou presque, en trois ans, est dû au rapatriement des revenus générés dans notre pays, et qui étaient auparavant taxés par sa holding irlandaise, révèlent les comptes sociaux de l’entreprise.
Toujours pour l’année dernière, le chiffre d’affaires de Facebook France s’établissait à 389 millions d’euros, soit une hausse de 596%. Au niveau mondial, ce chiffre d’affaires s’établissait à de 55,8 milliards de dollars (près de 50 milliards d’euros).
Une nouvelle localisation des revenus publicitaires
À la fin de l’année 2017, Facebook avait décidé de modifier son organisation dans l’optique “que le chiffre d’affaires tiré de la publicité vendue par [ses] équipes locales ne soit plus enregistré par [son] siège international à Dublin, mais soit à la place enregistrée par [sa] filiale dans ce pays”.
Dave Wehner, directeur financier, avait justifié ainsi cette décision, déclarant que cela “apportera plus de transparence aux gouvernements et aux responsables politiques qui, un peu partout dans le monde, ont appelé à plus de visibilité sur les revenus tirés des ventes dégagées par les équipes locales dans leurs pays respectifs”. Cette relocalisation des revenus publicitaires n’impactant que le second semestre 2018, en toute logique le montant de l’impôt 2019 augmentera encore. D’autant plus que la taxe sur les entreprises du numérique, d’un taux de de 3%, sera entrée en application.
Une marge nette qui intrigue
Mais pour La Lettre A, qui a analysé les comptes, le jeu de “cache-cache avec le fisc français” continue. En effet, le quotidien spécialisé relève que seuls ont été rapatriés les revenus liés aux grands comptes; ceux des petits annonceurs restent soumis aux avantageuses règles fiscales irlandaises. En outre, La Lettre A observe une forte diminution de la marge nette de la filiale, passant de 4,2% en 2017 à 1,5% en 2018, un taux très inférieur à celui du groupe, qui s’établit quant à lui à 39,6%).
Ce qui fait dire au quotidien : “Le Californien plombe délibérément la rentabilité de sa filiale en lui faisant supporter de lourdes charges (325 millions d’euros), qui réduisent ses bénéfices à peau de chagrin”.
Facebook France n’était pas en mesure de commenter dans l’immédiat.