Un opiacé obtenu après manipulation d’une levure boulangère
Aussi incongru que cela puisse paraître, des chercheurs ont réussi à manipuler génétiquement de la levure de boulanger en un puissant anti-douleur.
De la levure modifiée en opium ? Voilà un cheminement bien saugrenu que des chercheurs ont pourtant parcouru en laboratoire. C’est la prestigieuse revue Science qui s’en est fait l’écho le jeudi 13 août dernier. Une prouesse qui ouvre la voie à une production d’anti-douleurs plus pratique et sans doute moins coûteuse.
Une levure reprogrammée génétiquement
Les chercheurs de l’Université de Stanford, en Californie, expliquent comment cette levure, utilisée depuis des lustres dans la fermentation de la bière par exemple, a été manipulée. Des cellules à rapide croissance ont ainsi transformé le sucre en hydrocodone, en un temps records (moins de 5 jours). Ce dérivé opiacé, vous le connaissez si vous êtes férus de séries télé, et plus particulièrement de Dr House. En effet, c’est sous le nom de Vicodin que cette molécule est commercialisée.
Pourquoi ces travaux sont-ils importants ? Car à l’heure actuelle, il faut un an pour produire ces analgésiques, depuis la récolte de pavot. Avec cette technique, rapidité et moindre coût de fabrications seraient ainsi favorisés. Même s’il est vrai qu’une dose d’hydrocodone nécessite aujourd’hui 16.600 litres de levure, la technique est perfectible.
Un autre exemple de manipulation génétique
La bio-technologie a déjà réussi une telle transformation. Il s’agit, à hauteur d’un tiers de la production mondiale, de la fabrication d’un anti-paludéen (l’artémisinine, traitement contre le paludisme) obtenu à partir, là encore de levures. Avant cela, il fallait travailler à partir d’une herbacée, l’armoise. Si ici, seuls 6 gènes sont requis pour insertion dans le génome de la levure, la production d’hydrocodine en demande 23.
L’équipe du Docteur Christina Smolke, auteure principale de l’étude, reconnaît volontiers que ce nouveau processus de production, même s’il est encore complexe, pourrait “booster” le marché illégal de l’hydrocodine, laquelle, comme nombre d’anti-douleurs, se retrouvent dans les circuits de la drogue. Le Dr House n’a-t-il pas eu lui-même quelques soucis avec la justice ?