Grèce, retour sur le plan d’austérité
Le parlement grec a voté dimanche le nouveau plan d'austérité exigé par la troïka. Au programme : baisse des salaires et des retraites, suppression de postes dans la fonction publique, privatisations… Ce nouveau tour de vis a donné lieu à de violentes manifestations cette nuit faisant 54 blessés civils et militaires.
« Sur les 278 députés présents, 199 ont voté pour, 74 contre. » C’est ainsi que le président du parlement grec, Fillipos Petsalnikos, a conclu la procédure de vote qui s’est tenue dans la nuit du 12 février.
Un choix cornélien aux allures de chantage. Exigé par la troïka (Union européenne, FMI, Banque centrale européenne), ce nouveau plan de rigueur est la condition sine qua non au versement d’un prêt de 130 milliards d’euros. En contrepartie, les créanciers privés s’engagent également à réduire de 100 milliards d’euros la dette du pays. Juste avant le vote, le premier ministre, Lucas Papademos, avait présenté aux parlementaires les deux options qui s’offraient à eux : « avancer avec l’Europe et la monnaie unique » ou « précipiter le pays dans la misère, la banqueroute, la marginalisation et l’exclusion de l’euro ».
3,3 milliards d’économies, mais à quel prix ? Ce texte prévoit une série de mesures drastiques visant à une économie budgétaire de l’ordre de 3,3 milliards d’euros. En ligne de mire, le marché du travail avec une baisse du salaire minimum de 22% (32% pour les moins de 25 ans) soit 580 € brut mensuels. Gel des hausses automatiques de salaires, notamment liées à l’ancienneté. Suppression de 500 postes de maires. Les régimes spéciaux verront leurs fiches de paye tronquée de 10 %. 15 000 fonctionnaires seront placés en «réserve de main-d’œuvre» et ne percevront plus que 60 % de leurs salaires. Pour lutter contre la fraude fiscale, la Grèce compte aussi réformer son service des impôts avec, notamment, l’embauche de nouveaux contrôleurs. Par ailleurs, les frais de dépense des médicaments devront réduire de 1,076 milliards d’euros. Le budget de la Défense sera quant à lui amputé de 300 millions d’euros. Enfin, quatre entreprises d’État (gaz, eau, pétrole, jeux) devront être privatisées au cours de la première moitié de l’année 2012.
Une classe politique qui se fissure. En dépit du vote majoritaire, tous les députés de la coalition au pouvoir n’ont pas voté en faveur du texte. Les conséquences ne sont pas faites attendre. La vingtaine de députés socialistes ayant voté contre le projet ont été purement et simplement radiés du groupe parlementaire du Pasok (sur décision écrite du président du parti Georges Papandréou). Idem pour les 21 députés de droite récalcitrants qui ont été destitués par leur chef de file Antonis Samaras. Vendredi, déjà, six ministres (2 socialistes et 4 représentants du Laos, le parti d’extrême droite) avaient démissionné suite au consentement du gouvernement de voter ce plan de rigueur.
Un vote qui embrase la population. Au moment du vote, 80 000 à 100 000 manifestants encerclaient le parlement à Athènes. À Salonique, deuxième ville du pays, 20.000 personnes s’étaient rassemblées pour dénoncer ce plan d’austérité. Ces défilés, incessants depuis trois jours, ont rapidement dégénéré. Une quarantaine de bâtiments ont été incendiés et des centaines de vitrines vandalisées. Des affrontements ont éclaté entre forces de l’ordre et protestataires faisant 54 blessés civils et militaires.
Une course contre la montre. Le vote du plan d’austérité est l’une des trois conditions posées par la troïka en échange d’un deuxième plan d’aide. La Grèce a maintenant jusqu’au 15 février, date de réunion de l’Eurogroupe, pour remplir les deux autres clauses : trouver 325 millions d’euros d’économies supplémentaires dans le budget 2012 et apporter l’engagement écrit des partis politiques qu’ils appliqueront le programme après les élections anticipées prévues au printemps. Autre échéance : le 20 mars prochain. À cette date, Athènes devra impérativement rembourser un emprunt d’État de 14,5 milliards d’euros de dettes afin d’éviter un défaut de paiement.