Westworld aurait pu devenir le chef-d’œuvre de science-fiction ultime de HBO

Entre rebondissements artificiels et baisse d’audience, Westworld laisse un goût d’occasion manquée.

Un pari audacieux pour HBO

Au fil des décennies, la chaîne américaine HBO s’est taillée une réputation inégalée grâce à ses séries ambitieuses et plébiscitées. De The Sopranos à Game of Thrones, en passant par des comédies comme Veep, elle a su conquérir tous les genres. Pourtant, un domaine demeure étonnamment discret dans son palmarès : la science-fiction. Certes, quelques incursions notables sont à signaler — on pense notamment à l’excellent Station Eleven, malheureusement resté trop confidentiel, ou encore à l’inclassable The Leftovers, davantage porté sur le surnaturel. Mais c’est surtout avec Westworld, adaptation du film éponyme de 1973, que la chaîne ambitionnait de marquer durablement ce registre.

Un lancement spectaculaire et prometteur

Lorsque le pilote de Westworld est diffusé en 2016, l’enthousiasme est palpable. Une dystopie où les plus riches se divertissent dans un parc peuplé d’androïdes ? Sur le papier comme à l’écran, le concept séduit. D’autant que les moyens sont colossaux : on parle de 25 millions de dollars investis rien que pour le premier épisode, chaque détail visuel le prouvant. La première saison ne tarde pas à s’imposer parmi les références du genre au XXIème siècle, entre narration labyrinthique, réflexion sur la morale et le libre arbitre, et performances remarquées d’Anthony Hopkins, d’Evan Rachel Wood, sans oublier la partition envoûtante de Ramin Djawadi.

L’ambition face aux pièges narratifs

Pourtant, malgré cette entame magistrale, la série ne parvient pas à maintenir ce niveau d’excellence sur la durée. Il serait exagéré d’affirmer que tout s’effondre après la saison 1 ; certains épisodes — « Kiksuya » en tête — témoignent encore d’une grande maîtrise émotionnelle et créative. Mais progressivement, l’intrigue se complexifie à outrance. L’envie de surprendre coûte que coûte finit par brouiller le propos et égarer une partie du public.

Voici ce qui a pu fragiliser Westworld selon plusieurs observateurs :

• Narration volontairement énigmatique pour éviter les prédictions des fans.
• Diminution du suspense naturel au profit de rebondissements artificiels.
• Difficulté à renouveler l’intérêt au fil des saisons.

Une occasion manquée ?

Face à la baisse continue de l’audience, HBO décide d’arrêter la série après une quatrième saison, sans offrir cette ultime conclusion qu’un cinquième volet promettait. Ce choix laisse planer un goût amer : il semblait évident que Westworld, pensée comme héritière de Game of Thrones, pouvait viser beaucoup plus haut. Malgré tout, au sommet de son art, elle demeure une œuvre majeure pour qui aime les mystères bien ficelés et la science-fiction intelligente — tout en incarnant l’un des plus grands « what if ? » du petit écran récent.