Sur Twitter, les femmes noires sont agressées toutes les 30 secondes
Une large enquête d'Amnesty International a révélé lundi que toutes les trente secondes, les femmes noires sont victimes d'insultes sur le réseau social Twitter. Un endroit où "le racisme, la misogynie et l'homophobie prospèrent essentiellement sans contrôle".
Il y aura bien un moment où il n’apparaîtra plus pertinent de s’en surprendre : le racisme est encore une question d’actualité en 2018. En France, il n’y a qu’à observer la facilité avec laquelle on parle d’une femme “black” plutôt que “noire” pour s’en convaincre. Mais au niveau planétaire, on atteint des niveaux bien plus interpellants.
Lundi, l’ONG Amnesty International a délivré les résultats d’une vaste enquête menée avec Element AI, une entreprise œuvrant dans la création d’intelligences artificielles (AI). Element AI, rapporte Le HuffPost, a sollicité 6.500 volontaires pour analyser le contenu de 228.000 messages publics envoyés à 778 femmes noires, politiciennes ou journalistes sur Twitter en 2017.
Twitter : 1,1 million de messages “problématiques ou abusifs” envoyés à des femmes noires
Il a été relevé qu’1,1 million de messages “problématiques ou abusifs” ont été envoyés à ces femmes noires sur douze mois. Ce qui, ramené à une moindre mais possiblement plus alarmante échelle, nous donne une agression textuelle toutes les trente secondes.
Au travers d’un communiqué et au regard des résultats de l’enquête, Milena Marin, responsable de la recherche chez Amnesty, n’hésite pas à décrire Twitter comme l’abri des pires rebuts : “nous disposons des données pour corroborer ce que les femmes nous disent depuis longtemps : que Twitter est un endroit où le racisme, la misogynie et l’homophobie prospèrent essentiellement sans contrôle”.
Un risque d’agression accru de 84% par rapport aux femmes blanches
“Nous avons constaté que les femmes de couleur étaient beaucoup plus susceptibles d’être touchées (par ces abus) et que les femmes noires sont ciblées de manière disproportionnée. Les manquements de Twitter à sévir contre ce problème signifient que la plateforme contribue à réduire au silence les voix déjà marginalisées”, ajoute Mme Marin.
Si, par rapport aux femmes dites blanches, les femmes “de couleur” ont “34% de risque en plus” de faire l’objet de messages “problématiques ou abusifs”, cette probabilité grimpe à 84% rien que pour les femmes noires. Amnesty International appelle désormais Twitter à plus de transparence dans l’utilisation de ses logiciels “d’apprentissage automatique pour détecter les abus”.