Procès Bettencourt : la défense de F-M Banier, l’ami et confident de l’héritière
C'est le dernier du procès Bettencourt. La défense de François-Marie Banier, un des principaux prévenus a été entendue.
A Bordeaux, le procès Bettencourt se poursuit. Cette semaine est consacrée aux plaidoiries des avocats de la défense. Aujourd’hui la parole était à Me Laurent Merlet, avocat de François-Marie Banier, une des principaux prévenu de cette affaire.
La défense de François-Marie Banier, dans son dernier jour, a farouchement défendu mercredi l’idée d’un libre “choix” de la “fée Liliane” Bettencourt en faveur de son confident et ami, couvert de donations et libéralités.
Banier, “c’est le choix qu’elle a fait“, a affirmé Me Laurent Merlet, premier des avocats de l’artiste à plaider devant le Tribunal correctionnel de Bordeaux, qui juge dix personnes pour “abus de faiblesse”, “recel” ou “blanchiment”, portant sur des centaines de millions d’euros, au détriment de la richissime héritière de L’Oréal, aujourd’hui âgée de 92 ans.
“On peut trouver choquant de choisir un ami pour le couvrir d’or, mais cela n’en fait pas un acte abusif” du point de vue du droit, a rappelé l’avocat, qui a plaidé la relaxe du photographe et dandy de 67 ans. Trois ans de prison et 375.000 euros d’amende ont été requis contre lui.
“Content d’être noyé sous l’or”

Laurent Merlet, avocat de François-Marie Banier répond aux journalistes devant le Palais de justice de Bordeaux le 25 janvier 2015© AFP Medhi Fedouach
S’appuyant sur nombre de télécopies, de lettres de la milliardaire à François-Marie Banier, l’avocat s’est attaché à mettre en relief le libre arbitre de la vieille dame, au moment des dons, d’actes notariés qui pour beaucoup n’étaient que “confirmations de décisions” prises des années auparavant, parfois dans les années 90, bien avant la période (2006-2010) des faits poursuivis. Et, chaque année, “la fée Liliane régularise les dons, les donations”.
“On ne va pas mentir, il (Banier) est content d’être noyé sous cet or”, a convenu l’avocat. Mais, là encore, “ce n’est pas un acte abusif“.
L’avocat a aussi souligné que Mme Bettencourt avait “parfaitement conscience” au fil des années de sa propre situation: conscience de ses douleurs, de ses hauts et de ses bas, fin 2006 par exemple après sa chute lors de vacances aux Baléares. Ou conscience de qui est Banier lui-même, lorsqu’en 2010 elle lui écrit une lettre lucide, à la veille d’une comparution à Nanterre, lui demandant: “Gardez votre sang-froid, maîtrisez vos impulsions“.
François-Marie Banier, photographe en vogue dans les années 70-80, ami de Louis Aragon, est jugé pour des “abus de faiblesse” portant sur plus de 400 millions d’euros (dons manuels, libéralités, contrats d’assurance-vie). Montants contestés par Me Merlet, qui estimera qu’entre les dates de prévention et l’argent non-perçu ou rendu, il ne reste que “104 millions d’euros” liés aux faits poursuivis.
Il a rappelé que l’aide de Liliane Bettencourt à François-Marie Banier remonte aux années 90, lorsque, sept ans après l’avoir rencontré, elle décide de l’aider activement à vivre de son art, la photographie: “Je veux que vous soyiez connu (…) reconnu pour vous“.
Liliane Bettencourt : avec Banier “comme avec mon père”
Dans un moment émouvant, plongeant au coeur de la profonde déchirure mère-fille chez les Bettencourt, l’avocat lira une lettre de Liliane datant de 2003, qui ne devait être ouverte qu’après sa mort, et découverte chez le notaire Jean-Michel Normand.
“Pouvez-vous dire à ma fille que j’ai écrit une ou deux fois par jour pendant 15 ans à François-Marie Banier ?”, demande-t-elle au notaire. “J’avais besoin d’un échange profond. Je parlais à François-Marie comme je parlais avec mon père. Je n’ai pas pu parler à ma fille depuis son mariage…”.
Liliane n’est pas “cette chose“, “cette marionnette” décrite par le Ministère public, a résumé Me Merlet, en affirmant que “ni plus, ni moins, elle n’a jamais voulu que donner” à François-Marie Banier tout ce ce qu’elle lui a donné, à cet “être atypique qui a tant plu à différentes personnes“. “Respectez-la dans ses choix !”.
Après lui, Me Pierre Cornut-Gentille, l’autre avocat de M. Banier, s’est attaché à démolir la crédibilité de divers témoignages, de l’ex-secrétaire Claire Thibout, de l’ex-infirmière Henriette Youpatchou ou de l’amie Lucienne de Rozier, concourant à dépeindre une “emprise” supposée du dandy sur la milliardaire.
Témoignages influencés par “la guerre des clans” et “à prendre avec immensément de circonspection“, a-t-il résumé, tournant notamment en dérision un témoignage selon lequel Liliane Bettencourt aurait “appris le rock acrobatique pour la fête des 50 ans” de François-Marie Banier. “En vérité, quelques cours de tango avant un voyage en Argentine…“.
Mercredi, ce sera au tour des avocats de l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, également jugé pour “abus de faiblesse” et “blanchiment”, de plaider.