La passion des fans de science-fiction a rendu l’expérience Battlestar Galactica éprouvante pour Katee Sackhoff

Image d'illustration. Katee SackhoffUniversal Television / PR-ADN
L’expérience de Katee Sackhoff sur la série Battlestar Galactica a été assombrie par les réactions parfois négatives de la communauté des fans de science-fiction, qui ont rendu difficile son rapport à son rôle emblématique.
Tl;dr
- Le phénomène du Chud Grifter Industrial Complex illustre l’hostilité persistante envers toute évolution perçue comme trop « progressiste » dans la nerd culture.
- Katee Sackhoff, incarnant Starbuck dans le reboot de Battlestar Galactica, a subi des critiques virulentes, y compris de la part de l’ancien acteur du rôle et de fans nostalgiques.
- Malgré la haine initiale, la qualité et l’audace du reboot ont fini par convaincre le public, montrant que le talent et le contenu triomphent sur le bruit des réseaux sociaux.
Une résurgence qui divise la « nerd culture »
Difficile d’ignorer aujourd’hui l’ampleur prise par ce que certains appellent le Chud Grifter Industrial Complex, un écosystème florissant alimenté par des chaînes YouTube réactionnaires, des comptes TikTok acerbes et des fils Reddit déchaînés. Leur cible favorite ? Toute œuvre de la « nerd culture » jugée trop progressiste, ou – sacrilège suprême – osant confier à une femme un rôle traditionnellement masculin. Pourtant, ce phénomène ne date pas d’hier : déjà au début des années 2000, bien avant que les plateformes sociales ne structurent ces controverses, une part du public s’enflammait contre le moindre frémissement de changement.
Katee Sackhoff : cible d’une hostilité virulente
Prenons le cas emblématique de la série Battlestar Galactica, reboot lancée en 2003 sur Syfy. Dès ses premiers pas, l’actrice Katee Sackhoff, incarnant la pilote Starbuck — un personnage masculin dans la version originelle —, s’est retrouvée au cœur d’un déferlement de critiques. Lors d’une apparition au podcast The Joe Rogan Experience, elle se remémore sa première participation au Comic-Con : « Ils nous ont mis dans le Hall H, et j’ai été huée ». Si elle admet aujourd’hui que cette hostilité aurait pu la briser, elle reconnaît avoir bénéficié alors de « l’insouciance de la jeunesse ». Mais l’épreuve fut rude ; lors de ses premières recherches en ligne sur la série, elle découvre un flot ininterrompu de haine à son encontre.
L’opposition tenace des anciens et célébrités nostalgiques
Ce rejet ne venait pas uniquement des fans. Un autre coup dur provient de l’ancien interprète de Starbuck lui-même, Dirk Benedict. Sur son blog en 2006, alors même que le nouveau Battlestar Galactica était déjà salué par la critique, il s’épanche dans une diatribe rétrograde : « Il fut un temps où les hommes étaient des hommes… Mais quarante ans de féminisme ont eu raison de cela ». La charge est aussi véhémente qu’anachronique et témoigne d’un malaise persistant face à l’évolution des représentations.
D’un rejet viscéral à une reconnaissance tardive
Pourtant, difficile aujourd’hui d’imaginer qu’on ait pu préférer l’éphémère version des années 1970 à ce reboot considéré comme précurseur pour tout un pan du genre télévisuel. Petit à petit, le bouche-à-oreille et l’audace narrative du remake finissent par rallier à sa cause nombre de sceptiques initiaux. Comme le relate Katee Sackhoff : « J’allais aux conventions après ça et la file était plus longue… Les gens me disaient : « Je ne voulais pas aimer ça… mais j’adore ». »
Au final, si les réseaux sociaux ont depuis amplifié les réactions extrêmes, ils n’ont rien inventé. L’histoire récente montre que face aux tempêtes numériques, seule la qualité finit par triompher du bruit ambiant.