La crémation sur le point de supplanter l’inhumation parmi les pratiques funéraires ?

Urne élégante sur une table en bois entourée de bougies créant une atmosphère paisible.ADN
La crémation représente aujourd’hui environ un enterrement sur deux en France, illustrant une évolution notable des pratiques funéraires. Cette tendance croissante interroge sur l’avenir de l’inhumation, longtemps majoritaire dans le pays.
Tl;dr
- La crémation séduit près d’un Français sur deux.
- 221 crématoriums en France, mais disparités régionales marquées.
- Différences religieuses et culturelles influencent la pratique.
La crémation, une évolution lente mais profonde en France
En l’espace de quelques décennies, le choix de la crémation s’est imposé comme une tendance lourde dans l’Hexagone. Si l’on remonte aux années 1980, seuls 1 % des Français optaient pour ce mode funéraire. Le chiffre grimpe à environ 45 % aujourd’hui, traduisant une mutation profonde des mentalités.
Plus frappant encore : un sondage Ifop de 2023 révèle que la moitié des personnes interrogées privilégieraient désormais la crémation contre moins d’un tiers en faveur de l’inhumation.
Un équipement inégal selon les territoires
Cette popularité grandissante a poussé les pouvoirs publics à investir dans la construction de nouveaux crématoriums. D’une poignée d’établissements en 1975, la France est passée à 221 sites – dont l’écrasante majorité en métropole et quelques-uns dans les départements d’Outre-mer. Pourtant, derrière cette progression rapide se cachent d’importantes inégalités : certaines régions restent sous-équipées.
L’exemple de l’Ile-de-France, avec seulement 17 crématoriums pour plus de 12 millions d’habitants, illustre ces tensions qui peuvent allonger les délais pour organiser des obsèques. Il faut noter qu’une trentaine de nouveaux projets sont déjà annoncés pour répondre à la demande croissante.
Croyances et histoire : des racines profondes
Mais pourquoi observe-t-on autant de disparités ? La réponse n’est pas uniquement logistique ; elle est aussi culturelle et religieuse. À l’est du pays, là où la présence protestante est plus forte – communauté qui autorise la crémation depuis le XIXe siècle –, ce rite est nettement plus courant.
À l’inverse, chez les catholiques, un long héritage pèse encore : il aura fallu attendre 1963 pour que le Vatican autorise officiellement la pratique, après que Charlemagne l’eut proscrite dès le VIIIe siècle pour préserver « l’intégrité du corps » jusqu’au jugement dernier.
Des mots qui disent tout : incinération ou crémation ?
Pour terminer, il convient d’éclaircir un point souvent source de confusion : si « incinération » et « crémation » désignent techniquement le même procédé – transformer par le feu –, on réserve traditionnellement le terme « incinération » aux déchets ménagers alors que « crémation » s’applique au domaine funéraire. Un détail sémantique révélateur du soin porté par notre société à ces questions sensibles.
Ainsi se dessine le paysage mouvant des pratiques funéraires françaises : entre accélération de la modernité, héritages religieux et enjeux territoriaux persistants.