Interdiction de la vente de tabac aux mineurs : deux buralistes sur trois ne la respectent pas
Le Comité national contre le tabagisme alerte sur la non application de cette mesure, qui est pourtant essentielle pour lutter contre l'entrée des plus jeunes dans cette addiction.
En 2003 était instaurée en France l’interdiction de la vente de tabac aux jeunes de moins de 16 ans. Six ans plus tard, elle était élargie à tous les mineurs. Seulement, cette restriction n’est pas vraiment appliquée, et c’est un euphémisme. Dix ans après son élargissement, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a évalué, à la demande du ministère de la Santé, le caractère effectif de la mesure.
Un échantillon de 527 buralistes
Le Pr. Yves Martinet, président du CNCT, rappelle : “Tous les pays ayant réussi à réduire de façon importante le tabagisme font respecter cette interdiction. L’objectif principal est d’éviter l’expérimentation de cette drogue dure car, sur trois enfants qui vont fumer une cigarette ‘juste pour voir’, deux deviendront des consommateurs quotidiens à un moment de leur vie. Chaque année, plus de 200.000 jeunes tombent ainsi dans ce piège addictif en général à 13 ou 14 ans”.
C’est l’institut BVA qui s’est chargé de mener l’enquête auprès de plus de 500 débits de tabac entre les mois d’avril et mai derniers. Pour jouer les “clients-mystère”, deux groupes d’enfants ont été constitués : le premier de jeunes de 12 ans, tous non-fumeurs; le second de 17 ans, fumeurs ou non. Ils étaient systématiquement accompagnés, à distance, d’un adulte et rien dans leurs vêtements ne devait donner d’indice flagrant sur leur âge.
Un contrôle d’identité 1 fois sur 5
Quels sont les résultats de ce vaste “testing” ? Un buraliste sur 10 consent à vendre des cigarettes à des enfants de 12 ans, et 65% en ont vendu aux jeunes de 17 ans. Emmanuelle Béguinot, directrice générale du CNCT, ajoute avec dépit que “La vente intervient même dans 93% des cas quand l’adolescent est fumeur, sans doute parce qu’il est habitué à se rendre dans un bureau de tabac”. En outre, l’identité n’est demandée que dans 20% des cas, nous informe Le Figaro.
En ce qui concerne l’affichage obligatoire d’interdiction de vente aux mineurs, seuls 4 buralistes sur 10 le respectent.
A 17 ans, la maturité cérébrale est loin d'être achevée. Pourtant, en IDF, 92% des @LesBuralistes acceptent de vendre du #tabac aux mineurs de 17 ans. Selon @agnesbuzyn, ces infractions ne doivent pas rester sans réponse, des opérations de contrôle seront déployées#santé pic.twitter.com/eYn6Tt2bYo
— Le_CNCT (@Le_Cnct) October 3, 2019