Hawaï décide de bannir des crèmes solaires destructrices de coraux
La loi hawaïenne devrait permettre, d'ici quelques années, l'interdiction de certaines crèmes solaires aux composés nocifs pour les coraux. Une mesure qui n'est pas sans inquiéter les dermatologues.
À Hawaï et à condition d’une signature apposée par le gouverneur David Idge sur le document, une loi devrait permettre, d’ici 2021, d’interdire certaines crèmes solaires nocives pour les coraux. Les produits ciblés sont ceux renfermant de l’oxybenzone et de l’octinoxate, exception faite des crèmes découlant d’une prescription médicale.
Rappelons qu’à l’été dernier, Nicolas Imbert, directeur exécutif de l’ONG Green Cross France œuvrant pour la préservation des océans, avait indiqué que les crèmes chimiques, même si les plus utilisées, étaient capables de “détruire le corail en moins de 48 heures” de par la présence de molécules toxiques pour la faune marine.
Loi contre des crèmes solaires à Hawaï : “une première dans le monde”
Pour le sénateur Mike Gabbard, à l’origine de ce projet de loi et aux propos rapportés traduits par Le HuffPost, “il s’agit étonnamment d’une première dans le monde pour une telle loi. Donc, Hawaï est définitivement à la pointe en interdisant ces produits chimiques dangereux dans les crèmes solaires”.
Et d’ajouter : “Quand on y pense, notre île paradisiaque, entourée de récifs coralliens, est l’endroit idéal pour servir de référence au reste du monde.”
Des dermatologues inquiets
Mais du côté des dermatologues, on ne perçoit pas forcément cette loi d’un bon œil. Doug Johnson, porte-parole de la Hawaii Dermatology Society, craint ainsi qu’elle conduise à un relâchement de la part de la population : “Une interdiction de ces écrans solaires à Hawaï – l’État avec le nombre le plus important d’avertissements quotidiens sur les indices UV et avec des taux très élevés de cancer de la peau et de mélanome – serait un désastre de santé publique”. Alors que les crèmes minérales se voudraient tout aussi efficaces sans toutefois présenter un danger notable pour les océans.
On estime que ce sont entre 4.000 et 6.000 tonnes de crème solaire qui sont déversées chaque année dans les océans, avec des conséquences polluantes qui restent à découvrir. Au micro de Franceinfo, Nicolas Imbert appelle par conséquent à réfléchir avant d’agir : “La recherche ne va pas assez vite. Il convient d’appliquer le principe de précaution, dans la mesure où on ne connaîtra réellement les effets néfastes que dans 10 ou 15 ans”.