Dheepan, où comment Audiard a réussi à situer le Sri Lanka
Dheepan, le nouveau film de Jacques Audiard, est sorti mercredi dans les salles. À cette occasion, le réalisateur confie avoir été incapable de situer géographiquement le Sri Lanka avant que le projet ne prenne forme.
Pour une réalisateur ne prêtant qu’une importance toute relative aux récompensées décernées par la profession, une palme d’or représente à la fois peu et beaucoup. Mais pour le spectateur qui verra cette décoration inscrite sur l’affiche du film en question, cet intérêt pourra éventuellement gagner quelques degrés.
Dheepan se trouve être l’œuvre ayant remporté la palme d’or lors du dernier festival de Cannes en date. Dans ce long-métrage, le septième de la carrière de Jacques Audiard, ce dernier dépeint l’histoire d’une famille non liée par le sang mais réunie malgré elle dans la fuite de la guerre civile au Sri Lanka. Un ex-combattant, une femme et une petite fille se retrouvent ainsi rassemblés dans une cite sensible parisienne, pour une nouvelle vie appelée à être, elle aussi, jonchée de difficultés.
Jacques Audiard : Dheepan, un “projet insensé”
Auprès du Figaro, Jacques Audiard a confié qu’au départ, Dheepan n’était pas censé se focaliser sur une histoire d’amour : “Cela ressemble à du cinéma de genre, mais il y a pourtant un cœur assez sombre qui bat à l’intérieur. Au fur et à mesure, Dheepan s’est réorienté autour d’une histoire d’amour. Faire un film français parlant tamoul, c’était un projet insensé et cela m’a plu.”
“Ça n’est pas une déclaration politique, je suis assez lâche avec ça
Le réalisateur a également reconnu qu’avant que le projet de ce film ne prenne forme, il était incapable de situer géographiquement le Sri Lanka : “Avant de réellement démarrer ce projet, j’aurai été incapable de vous dire où se situait le Sri Lanka sur une carte, ni à quoi ressemblait physiquement un Tamoul. Au fur et à mesure du casting, une sorte d’évidence est apparue. J’ai hésité à un moment sur le rôle masculin, mais sinon tout a été assez immédiat, je n’ai pas vu 200 personnes.” Et c’est peut-être en raison de son regard relativement novice sur le sujet que Jacques Audiard a choisi de ne pas faire passer un message politique avec Dheepan. À peu de choses près : “Non, ça n’est pas une déclaration politique, je suis assez lâche avec ça. Lorsque j’ai découvert cette épouvantable guerre dont les conséquences n’ont pas toutes été tirées, j’étais bouleversé. Je ne peux même pas qualifier ce conflit, d’autres le font à ma place et je pense que c’est mieux ainsi. Je me suis saisi de la chose simplement, mais c’était intéressant de faire entrer le conflit tamoul au sein d’une fiction. Voilà pour moi le seul geste politique de Dheepan.” Le film est sorti mercredi dans les salles.