Turquie : un présentateur TV démissionne après avoir “incité au meurtre” à l’antenne
Un présentateur de télévision turc s'est vu contraint de démissionner de son poste après avoir "incité au meurtre" de civils à l'antenne. Une enquête a par ailleurs été ouverte par le procureur de la République pour "incitation à la haine et à l’inimitié".
De par leur teneur, ces propos pouvaient difficilement passer inaperçus. C’est en Turquie que leur auteur les a tenus, le 27 février dernier. Ce jour-là, Ahmet Keser, présentateur de l’émission La Journée commence sur la chaîne Akit TV, y a ainsi “incité au meurtre” de civils.
Comme rapporté par nos confrères du Figaro, l’animateur de télévision a déclaré que dans le cas de figure où l’armée turque déployée en Syrie (pour lutter contre des milices du PYD) devait s’en prendre à des civils, elle commencerait par s’attaquer aux “habitants des quartiers de Nisantasi, Cihangir, Etiler”.
Ahmet Keser, présentateur turc, “incite au meurtre” de populations civiles
“Pourquoi l’armée turque irait-elle là-bas [NDLR : dans la ville d’Afrine située au nord-ouest de la Syrie] pour tuer des civils ? Si on devait tuer des civils, on commencerait par Cihangir, Nisantasi, Etiler, n’est-ce pas ? Il y a plein de traîtres. Il y en a aussi à l’Assemblée nationale”, Ahmet Keser évoquant là des députés du parti d’opposition CHP et ceux du parti prokurde HDP.
Les réactions à cet appel ont été unanimes : le présentateur a dépassé les limites qui lui avaient été imposées. Pour Mahir Ünal, porte-parole du parti au pouvoir AKP, “c’est très clairement de la provocation, une action visant à saboter l’unité de la Turquie. Cette attitude révèle de la psychopathologie. Que croit-il représenter en utilisant ces propos haineux ? Pour qui se prend-il ?”
Une enquête ouverte par la préfecture de la République
La journaliste d’opposition Aysenur Arslan a pour sa part “fermement” condamné “les déclarations de cet animateur télé, son discours est scandaleux. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse d’un cas isolé. Malheureusement, c’est un problème sociologique. Cela prouve à quel point notre société s’est polarisée”.
Une enquête a depuis été ouverte par le procureur de la République pour “incitation à la haine et à l’inimitié”. Ahmet Keser a de son côté démissionné de son poste, en plus de s’être livré à un délicat numéro d’équilibriste sur son compte Twitter pour expliquer sa sortie télévisée : “J’ai voulu dire tuer les ‘opinions’ des habitants des quartiers de Nisantasi, Cihangir et Etiler, pas les tuer physiquement ! Ces mentalités ont mis le chaos dans notre pays lors des mouvements protestataires de Gezi, et maintenant ces personnes veulent me lyncher ! Allez, allez !”