Meurtre d’Océane : Nicolas Blondiau condamné à la perpétuité
La cour d'assises d'appel du Vaucluse a condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible Nicolas Blondiau.
La cour a confirmé le verdict de première instance à l’encontre de Nicolas Blondiau, 28 ans, qui devient ainsi la troisième personne en France condamnée à cette peine, la plus lourde existante, après Michel Fourniret et Pierre Bodein. Un troisième accusé, qui avait le premier été condamné à cette perpétuité réelle, avait vu sa peine réduite en appel.
Dans ses réquisitions, l’avocat général Bernard Marchal avait requis la réclusion criminelle à perpétuité mais avait, en revanche, laissé à l’appréciation de la cour l’incompressibilité de la peine.
La réclusion criminelle à perpétuité
« Ce n’est pas une peine de vengeance que je vous demande, mais une interrogation. Avez-vous la certitude au regard de ce que Blondiau a dit, au regard de ce que les experts ont dit, qu’il ne récidivera pas? » a demandé le magistrat.
« Si vous n’êtes pas en mesure de répondre +non+, alors vous confirmerez la première condamnation », a-t-il conseillé aux jurés.
La cour d’assises du Gard avait prononcé en décembre 2013 la perpétuité réelle à l’encontre de Nicolas Blondiau qui avait enlevé Océane alors qu’elle allait chercher un jeu vidéo, le soir du 5 novembre 2011, chez un ami de la famille qui habitait à 160 m de son domicile, dans le quartier ancien de Bellegarde.
Après l’avoir violée, étouffée et poignardée, il avait abandonné son corps au pied d’un olivier, à trois kilomètres du village.
« Vous voyez M. Blondiau, vous pourrez faire appel dix fois, cent fois, essuyer tous les bancs des cours d’assises, il y a dans la vie des choses définitives, il y a des actes irréparables », a dit l’avocat général, s’adressant à l’accusé qui est resté tout le temps des débats la tête baissée.
« Je ne viens pas vous demander de l’indulgence, de la clémence, je viens vous demander une peine qui soit juste », a plaidé, en défense de Nicolas Blondiau, Me Jean-Pierre Cabanes.
Remords
L’avocat a demandé aux jurés d’écarter la perpétuité réelle « pour ce garçon qui n’a rien fait avant, qui est un médiocre, un lâche, parce qu’il n’entre pas dans la catégorie extrême des ces ex-condamnés à mort que sont les tueurs en série ».
« C’est un meurtrier, un violeur d’occasion qui a agi selon un facteur qui est un mystère toujours obscur », a ajouté Me Cabanes, pour qui « ce procès est un double enfer ».
Mutique et hagard au premier procès à Nîmes en raison de son lourd traitement médical, Blondiau s’est montré plus disert, même s’il a rechigné à détailler le déroulement du crime.
« Si je pouvais donner ma vie pour faire revenir Océane, je l’aurais fait sans hésitation. Je suis vraiment désolé d’avoir ôté la vie d’Océane », a déclaré l’accusé, réitérant vendredi les remords exprimés jeudi.
« Je la fais monter dans ma voiture. C’est là que je suis parti dans mon délire, je me suis emballé », a-t-il raconté plus tôt.
« Pourquoi je l’ai fait, pour l’instant je ne sais pas, mais j’ai envie de savoir et les parents d’Océane ont aussi envie de savoir », a-t-il ajouté, mains jointes derrière le dos, barbe finement taillée et cheveux coupés ras.
Un psychologue et une psychiatre
Il a indiqué qu’il voyait une psychologue et une psychiatre en détention pour comprendre son passage à l’acte.
« Il me fait véritablement peur, Nicolas Blondiau, parce qu’aujourd’hui, trois ans deux mois et vingt-cinq jours après, nous n’avons pas l’ombre d’une explication », a confié lors de sa plaidoirie l’avocate des parents d’Océane, Me Béatrice Lobier-Tupin.
« Il peut être désolé, ça ne la ramènera pas », a chuchoté à la barre vendredi matin la mère de la fillette, Erika Luna.
Le père de l’enfant a écouté en larmes sa compagne raconter « le rayon de soleil » qu’était Océane, une enfant « joyeuse tout le temps » qui « me manque tous les jours ».