Maladie du sommeil : un parasite capable de se cacher dans la peau
Un étude vient de révéler que le parasite responsable de la maladie du sommeil est capable de se dissimuler dans la peau, expliquant ainsi des tests positifs alors que le parasite en question est indécelable.
La maladie du sommeil, également connue sous le nom de trypanosomiase humaine africaine en raison de la localisation de la majorité des cas observés, se transmet par une piqûre de la mouche tsé-tsé. Elle peut s’avérer mortelle si non traitée à temps.
L’un des problèmes auxquels sont confrontés les chercheurs est celui du dépistage de la maladie, comme le rapportent nos confrères de Pourquoi Docteur ?. Car non seulement le dépistage est peu voire pas du tout accessible aux populations vivant dans des régions reculées, mais les résultats délivrés par l’examen sont de plus matière à semer le trouble.
Un parasite pas visible chez 30% des malades du sommeil
Ainsi, dans quelque 30% des cas, le test se révèle positif chez des patients alors que le parasite responsable de leur infection n’a pas été retrouvé vivant dans leur sang. Pour tenter de comprendre cette situation, des scientifiques de l’Institut Pasteur et de l’Inserm ont mené l’enquête avec l’université de Glasgow (Grande-Bretagne) et celle de Kinshasa (République démocratique du Congo). Et les résultats de leurs recherches d’avoir depuis été publiés dans la revue e-Life.
De manière à pouvoir facilement identifier la bête, les chercheurs ont eu recours à des parasites fluorescents et bioluminescents. Des mouches tsé-tsé ont été infectées avant de contaminer à leur tour des souris. Brice Rotureau, chef du groupe Transmission des Trypanosomes au sein de l’unité de Biologie cellulaire des trypanosomes (Institut Pasteur/Inserm), explique avoir « vu de très nombreux parasites dans la peau, en quantité bien plus importante que dans le sang. Et à l’échelle tissulaire, nous avons pu voir les trypanosomes, à la base du derme, nager dans la matrice en dehors du système vasculaire. Les parasites y étaient distribués de manière très homogène, comme s’ils optimisaient leurs chances d’être prélevés par une mouche tsé-tsé afin d’être transmis à un nouvel hôte. »
Des porteurs sains « réservoirs »
Pour confirmer l’efficacité du mode d’action des parasites, capables donc de se cacher dans la peau, les scientifiques ont mis en contact des mouches tsé-tsé saines et des souris malades. Et il s’est avéré que les mouches n’étaient pas infectées si elles piquaient une zone de la peau non peuplée par des parasites. Des résultats ensuite confirmés sur des Africains subsahariens porteurs de la maladie.
L’Institut Pasteur déclare à ce sujet que « ces patients étaient donc, en réalité, des porteurs sains, qui constituaient des réservoirs pour le parasite Trypanosoma brucei gambiense, et qui auraient dû être traités ».