Le Nord Mali aux mains des islamistes
Le groupe rebelle avait lancé l’offensive, il se retrouve aujourd’hui marginalisé. Le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) ne détient plus aucune des trois places fortes de la région nord du Mali, au profit des islamistes.
Après Tombouctou et Kidal, c’était au tour de Gao de tomber, jeudi 28 juin, aux mains des islamistes. Chassés une fois de plus par ses alliés de la première heure, les Touaregs du MNLA comptent leurs morts, et abandonnent, contraints et forcés, le nord du Mali aux groupes islamistes, Ansar Dine en tête.
Déroute prévisible
Selon certains experts, plusieurs causes seraient à l’origine de cette débâcle. Impossible tout d’abord pour le mouvement touareg, alors qu’existent en son sein plusieurs courants antagonistes, de parvenir à fédérer l’ensemble de la population. A l’inverse, les différents groupes islamistes en présence frappent par leur entente et leur organisation : Iyad Ag Ghaly , chef d’Ansar Dine, a été reconnu comme le maître du territoire par tous les islamistes du nord, y compris par les membres d’AQMI. Ce qui, associé au travail de terrain entrepris pour rassurer les civils , et au soutien financier de certaines personnalités en Arabie Saoudite et en Algérie, leur a inévitablement permis de prendre le contrôle de toute la région. Le MNLA, allié à ces différents mouvements au moment de la prise de l’Azawad, avant de se revendiquer – notamment auprès de l’Occident – comme un possible « rempart contre les islamistes », récolte ainsi pire que ce qu’il avait semé : l’intégrité du territoire malien est profondément mise à mal, mais à son détriment, et surtout, au préjudice des populations du nord.
Le nord sous la charia
Car de Kidal à Tombouctou, c’est désormais sous l’application de la loi de la charia que vivent les habitants. Et l’organisation islamiste, qui prétend vouloir étendre le principe à l’intégralité du pays, ne tardera pas à l’appliquer également à son nouveau bastion. Tout comme au sein de ses deux autres places fortes, la population de Gao aura tôt fait d’assister – ou de subir- les coups de fouets administrés en public pour avoir enfanté hors mariage, ou même fumé une cigarette.
Face à cette situation, la communauté internationale est de plus en plus hésitante. Frileuse à l’idée d’envoyer des troupes au beau milieu d’un retranchement islamiste, elle a jusqu’ici souhaité privilégier la négociation. Un projet de résolution, en cours d’élaboration par l’Union Africaine et la CEDEAO, devrait néanmoins être prochainement présenté au Conseil de sécurité de l’ONU.