États-Unis : confondu par la généalogie génétique plus de 30 ans après un double meurtre
Trahi par son ADN et son arbre généalogique, l'homme de 56 voit son procès s'ouvrir grâce à cette technique révolutionnaire.
Il s’agit du premier procès résultant de la généalogie génétique. William Talbott, chauffeur routier de 56 ans, est accusé du meurtre en 1987 de deux jeunes Canadiens et il comparaît jusqu’à la fin du mois non loin de Seattle.
Les faits
Jay Cook, 20 ans, avait été découvert étranglé, un paquet de cigarettes enfoncé dans la gorge. Tandis que sa petite amie Tanya Van Cuylenborg, 18 ans, avait été tuée d’une balle dans la tête. Mais jusqu’à 2018, l’enquête n’avait rien donné.
Au mois de mai, un suspect est finalement arrêté, et il s’agit de William Talbott. Pour l’enquêteur Jim Scharf, aucune interpellation n’eut été possible “s’il n’y avait pas eu la généalogie génétique”.
ADN et base de données publique
Outre-Atlantique, un site Internet de généalogie nommé GEDmatch permet à des gens ayant réalisé des tests ADN d’y entrer leur profil génétique, dans le but de retrouver des parents éloignés.
C’est là qu’intervient Parabon Nanolabs, un laboratoire privé de biotechnologies. Il a analysé du sperme présent sur un vêtement de Tanya Van Cuylenborg, et a déposé le profil génétique dans GEDmatch.
C’est alors que deux cousins du suspect ont émergé des résultats. Une généalogiste du laboratoire s’est mise à étudier les arbres généalogiques et un parent commun est apparu, William Talbott. Mis sous surveillance, son ADN est récupéré sur un gobelet qu’il venait de jeter, et comparé à celui trouvé sur les habits de l’une de ses jeunes victimes. Et il concorde.
Mais l’homme se dit innocent : “Ma vie est suspendue depuis plus d’un an pour un crime que je n’ai pas commis”, a-t-il affirmé aujourd’hui encore.
Une technique décriée
Chez les juristes, certains s’interrogent sur la régulation inexistante à ce jour de ce type d’investigation. En effet, qu’en est-il de la protection des données personnelles ?
Ainsi Elizabeth Joh, professeur de droit en Californie, prévient dans une tribune parue dans le New York Times qu’en se soumettant à un test ADN, “vous exposez aussi vos frères et soeurs, vos parents, vos cousins, des gens que vous n’avez jamais rencontrés et même les générations futures de votre famille”.
Devant ce débat qui prend de l’ampleur, GEDmatch a modifié ses conditions d’utilisation. Désormais, ses membres doivent consentir à ce que la police utilise leurs données.