Chloé Zhao : « la prise de risque n’est plus possible aux États-Unis »
Chloé Zhao, rélisatrice du film "Les chansons que mes frères m'ont apprises" actuellement en compétition à Deauville, estime que les films indépendants n'ont pas vraiment d'avenir aux États-Unis.
Avant de se découvrir au grand public le 9 septembre prochain dans les salles, Les chansons que mes frères m’ont apprises, de la réalisatrice Chloé Zhao, est actuellement présenté au Festival de Deauville dans le cadre de la compétition. Le film semble dépeindre l’histoire d’un frère, Johnny, et d’une sœur, Jashaun, appelés à être séparés après que le dernier ait signifié son intention de quitter la réserve indienne de Pine Ridge (Dakota) pour aller travailler à Los Angeles avec sa petite amie.
Lors d’un entretien accordé à Télérama, Chloé Zhao a communiqué sur les difficultés rencontrées pour donner naissance à ce long-métrage de 90 minutes : « J’ai travaillé pendant trois ans sur un scénario que j’aurais dû tourner avec un budget trois fois plus important et que j’ai dû finir par abandonner. […] J’ai eu beaucoup d’aides institutionnelles pour travailler sur ce scénario mais quand nous avons recherché un financement, de l’argent privé donc, personne ne voulait investir dans le film ! On m’a même dit que si je tournais avec les acteurs de Twilight, je trouverais peut-être un producteur. »
Les chansons que mes frères m’ont apprises : Chloé Zhao voyait plus grand
La réalisatrice a cependant décidé de lancer le tournage de son film sans plus attendre pour profiter de la jeunesse de ses comédiens principaux. Ce faisant, il lui a fallu opérer des concessions : « J’ai adapté l’histoire à mes moyens, j’ai tiré profit de ce qui se passait autour de nous pendant le tournage, j’ai essayé d’exploiter au mieux une situation très difficile. Et j’ai fait mon film. »
« J’ai perdu toutes mes illusions concernant le cinéma indépendant américain »
Interrogée sur sa vision du cinéma indépendant, Chloé Zhao a répondu, non sans crainte, que ces films ont désormais, et selon elle, bien peu de chances de trouver des budgets adaptés à leurs ambitions au pays de l’Oncle Sam : « J’ai perdu toutes mes illusions concernant le cinéma indépendant américain. Je ne connais pas assez bien la situation des cinéastes en Asie et en Europe pour faire des comparaisons, mais aux États-Unis, il y a si peu d’argent pour les cinéastes indépendants que la prise de risque n’est plus possible. Les gens veulent être sûrs qu’en mettant de l’argent dans une production indépendante, ils vont récupérer cet argent. » La réalisatrice tenait cependant à ce que Les chansons que mes frères m’ont apprises sorte en salles pour que ses comédiens « se voient sur un grand écran ». Elle espère d’ailleurs que la sortie du film en VOD n’interviendra pas avant voire simultanément.