Burkina Faso : Première crise pour le gouvernement de transition
Le gouvernement de transition, en place depuis la chute du président burkinabè Blaise Compaoré, a affronté sa première crise cette semaine.
D’un côté, le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP), corps d’élite qui était l’un des pilliers de l’ancien régime. De l’autre côté, le gouvernement de transition, dont le lieutenant colonel Zida, par ailleurs lui-même numéro 2 de ce régiment, occupe actuellement la place de Premier ministre.
Entre les deux, le peuple burkinabè, aujourd’hui extrêmement attentif vis à vis de la conduite des affaires de la cité.
Volonté de dissoudre les RSP
En décembre, le Premier ministre Isaac Zida avait fait savoir son intention de dissoudre les forces du RSP, non seulement très liées au régime de Blaise Compaoré, mais également accusées d’usage excessif de la force durant la révolte d’octobre -les militaires de ce régiment n’avaient pas hésité à tirer sur la foule qui s’approchait du palais présidentiel, faisant alors plusieurs morts-.
Depuis lors, les tensions entre les deux parties étaient extrêmement vives, jusqu’à atteindre leur paroxysme mercredi 4 février, date à laquelle les RSP ont fini par réclamer la démission du Premier ministre, provoquant un tollé dans l’opinion.
Jeudi, une vingtaine d’organisations parmi les plus importantes de la société civile burkinabè ont exigé la dissolution du régiment, et demandé des sanctions fermes et exemplaires contre les auteurs d’actes attentatoires à la sûreté nationale.
Négociation pour préserver le calme
Pour éviter de voir le pays tomber de nouveau dans le chaos, hauts gradés du régiment et membres du gouvernement ont ainsi entamé mercredi des négociations, afin de trouver une issue à la crise.
Après une nuit de discussions intenses, le Premier ministre Isaac Zida a déclaré qu’il renonçait à réclamer la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentielle. En retour, les responsables des RSP ont également renoncé à réclamer la démission du lieutenant colonel Isaac Zida du gouvernement.
« La composition du gouvernement ne relève pas de l’armée. Le Premier ministre n’a pas été nommé par l’armée et l’armée ne peut le démettre », ont fait valoir certains gradés interrogés par l’AFP.
Vers une évolution des attributions du régiment
Pour autant, le régiment d’élite n’a pas vocation à continuer à exister en l’état. Des réflexions et discussions sont actuellement en cours pour décider de ses nouvelles attributions. De nouveaux dirigeants devraient également être nommés.
Des organisations de la société civile continuent néanmoins à réclamer sa dissolution pure et simple, et appellent en cela à un grand rassemblement populaire samedi.