Traitement de l’alcoolisme : l’efficacité du Baclofène démontrée en quatre études
Plusieurs études présentent le Baclofène comme notablement efficace dans le traitement de l'alcoolisme. L'un de responsables de ces travaux déclare toutefois qu'il ne s'agit pas là d'un "médicament miracle".
Le Baclofène afficherait une certaine efficacité dans le traitement de l’alcoolisme, et ce n’est pas une mais quatre études qui vont dans ce sens. Le week-end dernier, à l’occasion du congrès mondial d’addictologie, ont ainsi été délivrés les résultats préliminaires de ces travaux favorables, pour l’heure, à la molécule.
L’une de ces études, Alpadir, dirigée par le professeur et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse Michel Reynaud, a concerné 320 patients. Lesquels ont été suivis durant plus ou moins cinq mois, soit la période où un traitement leur était administré. Ces recherches randomisées et conduites en double aveugle ont abouti à la conclusion d’une efficacité supérieure du groupe Baclofène par rapport au groupe placebo. Concrètement, le premier est arrivé à se stabiliser à quatre verres par jour contre cinq pour le second.
Baclofène : efficace mais pas “miracle” contre l’alcoolisme
Auprès de nos confrères de Pourquoi Docteur ?, le professeur Reynaud reconnaît que le Baclofène ne se détache pas tant que ça du placebo, tout en assurant une pertinence du recours à la molécule :
“Effectivement, ce n’est pas le médicament miracle que beaucoup décrivent. Mais c’est un plus qui nous permettra d’enrichir l’arsenal thérapeutique. L’étude a montré une amélioration générale de plusieurs facteurs chez les personnes traitées : diminution de la consommation massive d’alcool et du craving, réduction des symptômes anxieux et dépressifs, amélioration de la qualité de vie…”
Effets secondaires ? “Peu”
Le scientifique se veut rassurant quant à la proportion d’effets secondaires observés par l’administration du Baclofène : “Peu, mais il faut souligner que la population a été sélectionnée selon des critères très stricts. Les patients n’avaient pas de troubles psychiatriques ni de comorbidités. Nous avons pu observer quelques effets secondaires connus (somnolence, anxiété, troubles du sommeil, vertiges…) mais ils sont relativement rares. Par ailleurs, ces symptômes sont aussi apparus chez le groupe qui a reçu le placebo.”
Des effets secondaires qui semblent au passage répondre à un certain dosage, pour lequel on apprend d’ailleurs qu’il n’a pas été le même pour tous les sujets : “Cela dépend vraiment des patients. La dose cible était de 180 mg, avec une montée progressive et une stabilisation lors d’apparition d’effets secondaires. Environ 70 % des patients de la cohorte ont reçu 180 mg. Le dosage moyen était de 153 mg. A 90 mg, en tout cas, on n’observe pas d’effets secondaires.”