Rue89 renonce à son autonomie après son rachat par le Nouvel Observateur
Claude Perdriel, fondateur du Nouvel Observateur, fait l'acquisition de l'intégralité du site d'information "pure player" Rue89.
Rue89 devient officiellement une filiale de l’hebdomadaire d’information parisien fondé en 1964 et étiqueté journal de centre-gauche. Pierre Haski, confondateur de Rue 89, annonce “un tournant important dans la courte histoire de Rue89, lancé en mai 2007 sans investisseur ni groupe de presse, et qui est devenu le premier des « pure players » français, avec plus de deux millions de visiteurs uniques par mois (Nielsen, novembre 2011)”. Réputé pour son indépendance de ton et la conciliation des technologies de l’information avec une nouvelle forme de journalisme, il appartiendra au site de garantir sa liberté éditoriale.
Lieu d’échanges et d’investigation autour des préoccupations premières des Français, Rue89 a su fédérer une audience active qui interpelle aujourd’hui directement son équipe de journalistes. Certains s’inquiètent que leur ton pamphlétaire ne s’amenuise à l’épreuve du rachat et prônent la vigilance côté lectorat. Pierre Haski tient à les rassurer en affirmant que ” la vigilance des lecteurs sera l’ultime rempart de notre indépendance : c’est vous qui en serez les juges“.
Par ailleurs l’autonomie de gestion et la liberté de choix des sujets traités devraient être garanties contractuellement par l’accord signé avec le Nouvel Observateur selon Pierre Haski. La rédaction reste inchangée, tout comme l’équipe de direction composée du président Pierre Haski, du directeur général Laurent Mauriac, et du rédacteur en chef Pascal Riché.
Le “pure player” a été fondé en 2007 suite à une scission d’une partie de la rédaction de Libération et vivait jusqu’alors essentiellement de la publicité. Sporadiquement l’équipe de rédaction organise des formations auprès d’autres journalistes. Aujourd’hui la crise sape les finances des acteurs médiatiques et il reste difficile d’envisager une offre numérique totalement gratuite sans jouer le jeu des alliances. Mediapart, autre pure player fondé par un journaliste de renom s’étant affranchi du journalisme papier, Edwy Plenel, a fait le choix délicat de garantir son indépendance par un accès payant à l’intégralité de son contenu.
Dans un secteur balbutiant en pleine phase de transition depuis le secteur du journalisme papier, les “pure players” cherchent encore les modèles économiques qui pourront leur permettre de suivre le mouvement de leur impulsion première : ne pas dépendre des groupes de presse traditionnels tout en proposant un contenu accessible au plus grand nombre. Vu le peu d’enthousiasme des internautes à mettre la main à la poche, l’évolution de Rue89 pourrait être le meilleur gage de pérennité. Les lecteurs en décideront en continuant ou non, à l’issue du partenariat effectif dès le 31 décembre, à maintenir le compteur de visiteurs qui importe tant aux régies publicitaires.