Les femmes de sciences, toujours victimes de préjugés en Europe
En 2015, les femmes scientifiques ne sont toujours pas en mesure de "devenir des scientifiques de haut niveau", pour 2 tiers des européens interrogés. Et ce n'est pas tout, ce sentiment émane aussi des femmes.
La Fondation L’Oréal a passé commande à l’institut de sondages OpinionWays d’une enquête dans 5 pays : France, Italie, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne. L’objet de celle-ci était de jauger la perception qu’ont les citoyens de ces pays d’Europe occidentale des femmes de sciences. Et force est de constater que le sexisme ordinaire, en 2015, a encore de beaux jours devant lui.
Sciences : deux tiers des européens ne jugent pas les femmes assez capables
L’échantillon sondé était représenté par un nombre quasi-équivalent d’hommes et de femmes de chaque pays, pour un total de 5.032 personnes, qui ont toutes répondu à un questionnaire en ligne. Ainsi, ces Européens sont 67% à estimer qu’une femme est moins à même de “devenir une scientifique de haut niveau”. Ce qui frappe, c’est que ce constat vient autant des hommes… que des femmes.
25% d’entre eux estiment par ailleurs qu’une femme n’a pas assez confiance en elle. Dans une moindre mesure, ils pensent également que leurs réseaux ne sont pas assez conséquents, que l’esprit de compétition manque à l’appel, tout comme la sacro-sainte ambition professionnelle.
“Elles font passer leur carrière avant leur famille”
Allez, un dernier chiffre parmi tant d’autres : 55% des Européens “considèrent qu’une femme qui fait tout pour accélérer sa carrière professionnelle fait passer sa vie de famille après son travail”. Mais une contradiction vient chambouler ce paysage sexiste : les sondés pensent qu’il y a plus de femmes scientifiques qu’il n’en existe en réalité, que ce soit au sein de la population étudiante ou parmi les prestigieux Prix Nobel. Et c’est un constat qui les choque; pour preuve, ces deux tiers de personnes qui estiment que seulement 3% des Nobel décernés à une femme est un taux trop faible. Mieux, ils sont 67% à souhaiter que les femmes prennent l’ascendant sur les hommes, toujours concernant le Prix Nobel.
Le mot de la fin à Elizabeth Blackburn, mercredi à une conférence de presse organisée par la Fondation L’Oréal : “Mon conseil à ces jeunes femmes, c’est : persistez, ne croyez pas que les stéréotypes sont vrais. Pendant ma carrière, j’ai pu voir que les femmes sont aussi bonnes que les hommes. Raccrochez-vous à ça, et au fait que malgré leurs idées reçues, les gens veulent que la situation s’améliore”.