Le chômage fait entre 10.000 et 20.000 morts par an
Suicides, pathologies, le chômage tuerait "entre 10.000 et 20.000 personnes par an", selon une étude d'un chercheur de l'Inserm.
Si nous ne connaissons que trop bien les chiffres du chômage en France (10,4% de la population active fin 2014), il en est cependant qui passent à travers les fourches caudines de la communauté scientifique, ce sont ceux qui évaluent la santé des demandeurs d’emploi.
Pierre Meneton, chercheur à l’Institut français pour la santé et la recherche médicale (Inserm), est l’auteur d’une étude qui publiée en décembre dans la revue International Archives of Occupational and Environmental Health, et qui éclaire les ravages du chômage sur la santé en France.
“Entre 10.000 et 20.000 décès” imputables au chômage chaque année
584, c’est le nombre de suicides de demandeurs d’emploi recensés entre 2008 et 2010. Mais ces actes de désespoir extrême sont l’arbre qui cache la forêt des conséquences du non-emploi sur la santé. Car selon les estimations du chercheur, le chômage tuerait “entre 10.000 et 20.000 personnes par an”.
Pierre Meneton a suivi, afin de mener à bien son étude, quelque 6.000 volontaires âgés de 35 ans à 64 ans entre 1995 et 2007. Le but : apprécier les effets de cette situation sur leur santé cardiovasculaire, et les chiffres de la mortalité en règle générale.
Une “surmortalité très importante” parmi les chômeurs
Ce que l’étude avance, c’est une “surmortalité très importante” chez les demandeurs d’emploi. En cause, ses “effets majeurs sur la survenue d’accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques”. En effet, en cas d’inactivité involontaire, les comportements à risque se multiplie, comme l’augmentation de consommation d’alcool ou un régime alimentaire plus déséquilibré. Cette surmortalité fait encore l’objet de peu d’observations, étant donné “le manque de données”; et alors que la France connaît un chômage massif depuis nombre d’années.
“La santé des chômeurs semble n’intéresser personne”, déplore pour sa part le psychanalyste Michel Debout dans son ouvrage intitulé Le traumatisme du chômage. Il prend pour cible, entre autres, les pouvoirs publics de tous bords. Cependant, le ministère du Travail ne semble pas du même avis, lui qui rappelle avoir, dans son plan de lutte contre le chômage de longue durée, prévu de “renforcer la possibilité de déclencher un bilan de santé du demandeur d’emploi dans le cadre de son accompagnement”. Un vœu pieux ? Quoi qu’il en soit, Michel Debout espère la création d’une “médecine préventive des chômeurs”, calquée sur la médecine du travail.