Bisphénols : bientôt exclus des contenants alimentaires ?
En raison de risques toujours plus nombreux qu'ils représentent pour la santé, des scientifiques appellent à ce que les bisphénols soient désormais bannis des contenants alimentaires.
Au fil du temps, ponctué par des résultats d’études leur apparaissant très peu favorables, les bisphénols n’ont de cesse d’être décriés. En 2013, une enquête américaine révélait que le bisphénol A favorisait le risque de fausse couche chez la femme enceinte.
Et l’année suivante, ce perturbateur endocrinien d’avoir été associé à des risques accrus d’hypertension. Plus récemment, une étude conduite par des chercheurs français indiquait qu’une exposition au bisphénol A avait pour notable conséquence de favoriser un diabète de type 2 chez les adultes en surpoids.
Contenants alimentaires : des scientifiques demandent le ban des bisphénols
Les 21 et 22 janvier 2016 se tenait à Paris, et sur l’initiative de l’Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses), un colloque sur les perturbateurs endocriniens. À cette occasion, des scientifiques ont requis des autorités compétentes qu’elles bannissent sans distinction les bisphénols présents dans les contenants alimentaires. Nos confrères de Pourquoi Docteur ? rappellent que le recours au bisphénol A (BPA) est prohibé depuis 2011 dans la fabrication des biberons en plastique, et ce dans l’Union européenne. Et depuis environ un an, le BPA est interdit de présence en France dans toutes les boîtes et bouteilles à usage alimentaire.
Un perturbateur endocrinien “multi-usages” et peu évident “à remplacer”
René Habert, professeur officiant à l’Université Paris Diderot et toxicologue de la reproduction, explique que “le bisphénol A est un produit magique. Il est facile à travailler, transparent, résistant aux chocs, à l’altération, aux ultraviolets […] et surtout pas cher. Il est en outre multi-usages, donc pas si facile à remplacer”. Et d’ajouter que “la famille des bisphénols comprend une vingtaine de produits” et que “les connaissances scientifiques sur leur possible rôle de perturbateur endocrinien sont limitées : moins de 90 publications scientifiques contre quelque 9.600 pour le BPA. Dans la mesure où ils ont une structure moléculaire similaire, il n’y a aucune raison d’en autoriser certains et pas d’autres”. La requête du professeur Habert apparaît relativement claire : “ce que j’attends fondamentalement, c’est qu’on classe tous les bisphénols comme des perturbateurs endocriniens potentiels”. Ce qui placerait notamment le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF), des substituts au BPA, au plus ou moins même niveau que ce dernier.