Bactéries résistantes aux antibiotiques : près 13.000 morts par an en France
La résistance aux antibiotiques de certaines bactéries provoque la mort de 12.500 personnes en France, chaque année. Un rapport a été remis à la ministre de la Santé pour tenter de l'enrayer, et d'en finir avec la surconsommation de ces traitements.
Elle s’était pourtant tassée, la surconsommation d’antibiotiques dans la première décennie de ce siècle. Mais depuis 2010, celle-ci est repartie à la hausse. “Les statistiques sont mauvaises”, a déclaré Marisol Touraine à la remise du rapport qu’elle avait commandé au Dr Jean Carlet.
Chaque année en France, le nombre de décès dus à une bactérie résistante à ces traitements est qualifié de “gigantesque” par la ministre de la Santé.
Les infections multi-résistantes en augmentation
“Nous savons désormais que près de 160.000 patients contractent, chaque année, une infection par un germe dit multi-résistant, et que près de 13.000 patients en meurent directement. 13.000 décès par an, c’est gigantesque”, a déclaré la ministre dans son discours.
A l’aune de ces chiffres, la ministre souhaite qu’un “nouvel élan” soit donné au combat contre l’antibiorésistance, et en relançant en parallèle la communication sur les dangers des antibiotiques lorsque leur prescription n’est pas nécessaire. La France suit donc les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui ont déjà donné cet élan.
Mais comment fonctionne au juste cette résistance aux antibiotiques ? En tant qu’organisme vivant, la bactérie a en elle des mécanismes lui permettant de se défendre. Modification de la cible du médicament, mutation génétique de la bactérie,… ces techniques sont nombreuses. Avec le temps et la surconsommation, l’adaptation des bactéries devient toujours plus fine, et devenir ainsi une menace pour l’humanité toute entière.
Objectif : Réduction de la consommation d’antibiotiques d’un quart
La France est le cancre de l’Europe en la matière et pour cause, nous consommons 30% d’antibiotiques de plus que la moyenne. Et même, en quantité trois fois plus forte que dans des pays comme les Pays-Bas ou la Norvège pour ne citer qu’eux. Pour Marisol Touraine, l’objectif est une baisse de la mortalité liée à ce fléau, avec moins de 10.000 morts par an. La lutte contre l’antibiorésistance pourrait même obtenir le statut de grande cause nationale l’année prochaine. Cette demande émane d’associations de patients et de la société française de pathologies infectieuses entre autres.
En outre, et en se basant sur le rapport du Dr Carlet, Marisol Touraine demande que recherche et innovation soient “mieux encouragées”. A cette fin, un plan national interdisciplinaire de recherche sur l’antibiorésistance sera mis sur pied. Les laboratoires seront ainsi encouragés à développer de nouveaux traitements, sur la base de la défense de “la reconnaissance d’un statut à part pour les antibiotiques”.