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Thaïlande : la pandémie, une trêve pour “les gitans des mers” menacés par le tourisme

Environnement > Thaïlande > Thaïlande : la pandémie, une trêve pour “les gitans des mers” menacés par le tourisme
Par Thanaporn PROMYAMYAI et Sophie DEVILLER,  publié le 23 novembre 2020 à 5h15.
 4 minutes

Depuis la pandémie, la vie est plus facile pour "les gitans des mers" sédentarisés à Phuket: la pêche est abondante et les projets immobiliers sur leur terre ancestrale sont à l'arrêt, une trêve pour la tribu menacée par le tourisme de masse en Thaïlande.

Dans les eaux turquoises de la mer d’Andaman, relié à la surface par un mince tuyau coincé dans son masque de plongée, un “fil de vie” qui lui permet de respirer, Sanan Changnam traque poissons et fruits de mer, une lance à la main. Après quelques coups de palmes, il harponne trois mérous et remonte à la surface.

La pêche, principale source de revenus de la communauté, est meilleure depuis que les bateaux de touristes restent à quai sur l’île du sud de la Thaïlande, fermée comme le reste du royaume aux visiteurs étrangers depuis huit mois.

“On descend moins profond, c’est moins dangereux”, raconte à l’AFP le pêcheur de 42 ans qui pratique la plongée au narguilé, une technique rudimentaire et risquée, sans bouteilles d’oxygène.

Ses ancêtres, d’anciens nomades venus d’Indonésie il y a près de 300 ans, se sont appropriés une langue de terre à Rawai, une plage de la côte méridionale de l’île, bien avant que cette dernière ne devienne l’une des destinations touristiques les plus populaires du pays avec plus de 9 millions de visiteurs en 2019.

Diminution des stocks de poissons, espace de pêche réduit à peau de chagrin, frénésie de constructions: le mode de vie des “Chao Lay” (le peuple de la mer) a été bouleversé par les hordes de touristes.

“On souffle un peu”

Aujourd’hui, “on souffle un peu”, relève Alim, l’oncle de Sanan.

Les autorités sont moins regardantes quand la communauté navigue dans les réserves maritimes protégées ou près des îlots habituellement réservés aux touristes.

“Avant on avait peur d’être arrêtés par une patrouille ou que nos bateaux soient confisqués. On remontait alors trop vite, sans respecter les plateaux de décompression. C’était dangereux, il y a eu des blessés, même des morts”, explique Alim.

Sans oublier les tensions avec les touristes qui sabotaient parfois leurs nasses.

Depuis des années, les promoteurs immobiliers lorgnent sur leur terre, une bande longue de quelques centaines de mètres face à la mer, pour y construire notamment un complexe hôtelier. Quelque 1.200 Chao Lay y vivent et sont menacés d’expulsion devant les tribunaux.

Mais, avec le coronavirus, l’économie de l’île est paralysée, des dizaines de milliers de personnes sans travail ont fui et regagné leur province natale et les projets de construction sont au point mort.

“On espère que tout ça va être abandonné”, soupire Ngim Damrongkaset, 75 ans, représentant de la communauté de Rawai. “On veut nous chasser de nos maisons, mais aussi nous interdire l’accès à la mer”.

Or, c’est sur la plage que la tribu animiste gare ses embarcations en bois colorées, prie et remercie les ancêtres.

Combat inégal

Le combat avec les promoteurs est inégal: de nombreux Chao Lay ne savent ni lire ni écrire et ignoraient qu’ils pouvaient enregistrer la terre à leur nom. Beaucoup de familles n’ont aujourd’hui aucun titre de propriété.

Le gouvernement tente de les aider à prouver qu’ils étaient là bien avant les investisseurs. Il a fait analyser de vieilles photographies aériennes et des os de leurs ancêtres, enterrés sur la plage pour que, selon une tradition Chao Lay, ils continuent à entendre le bruit des vagues.

Mais de nombreuses procédures sont toujours en cours.

Les autorités doivent “saisir l’opportunité de la pandémie pour changer leur vision” de cette minorité, estime Narumon Arunotai, anthropologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok. Une option est qu’elles rachètent la terre et la leur confient définitivement.

Le gouvernement a récemment alloué un bout de mangrove à des communautés Chao Lay voisines pour qu’elles puissent temporairement y vivre et y pêcher, un premier pas mais qui n’est pas suffisant vu l’étroitesse du territoire. Il s’est aussi engagé à préserver leurs traditions, orales. Sans grand effet jusqu’ici.

Alcool, maladies, pertes de repères, les problèmes sont nombreux à Rawai.

Il leur faut “une éducation sur mesure qui préserve leur culture et leur permettre de pêcher plus librement”, relève Narumon Arunotai. “On a tant à apprendre d’eux”.

“Les gitans des mers” sont un peuple à part.

Les enfants Moken, une des trois branches des Chao Lay, ont une acuité visuelle dans l’eau supérieure de 50% à celle des enfants européens, d’après une étude d’une université suédoise de 2003.

Et leur parfaite connaissance de la nature a permis à nombre d’entre eux de détecter les signes avant-coureurs du tsunami de 2004. La plupart en ont réchappé, aidant de nombreux touristes à fuir.

“Nous resterons toujours les enfants de la mer”, sourit Alim.

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